前天（5 月 22 號）首映的俄羅斯片 Shultes 就贏得很多掌聲。俄羅斯導演巴庫․巴庫拉德澤 (Bakur Bakuradze) 的 Shultes 其片名是指片中角色 Lesha Shultes 他的家族姓，所以當初實不知該如何翻譯。Shultes 這部片大致是在講男扒手 Lesha Shultes 的故事，他有一位年邁病重的母親，他出了車禍，直到片尾他才會碰到一個女人將改變他的生活──本片在講今日的俄羅斯如何漸漸地失去認同。Shultes 將會讓巴庫․巴庫拉德澤這名字變得重要；他一九九八年自電影學校畢業，師承前蘇俄時代相當重要的一位男導演 Marlen Khutsiyev。 
波蘭老牌導演傑吉․史柯李莫夫斯基 (Jerzy Skolimowski) 的《安娜的四個夜晚》(Cztery noce z Anna) 再出手，依舊震撼（先不詳談）。
法國導演哈巴․阿默-札伊梅許 (Rabah Ameur-Zaïmeche) 的《最後一批游擊隊》(Le Dernier Maquis) 將跟《喂許喂許，發生了什麼事？》(Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ? , 2002)、《穀物第一號》(Bled Number One, 2006) 湊成一個三部曲。《最後一批游擊隊》繼續探討北非（馬格里布）移民在法國的社會處境，哈巴․阿默-札伊梅許他自己也有下海演戲。
另外是兩位比利時年輕男導演，一九七五年出生的喬阿坑․拉否斯 (Joachim Lafosse) 的《自由的學生》(Élève libre) 以及一九六五年出生的卜力․藍內 (Bouli Lanners)《黃金城》(Eldorado) 都在探討一九六八年學運後的影響的故事。卜力․藍內下海演他自己的片，《自由的學生》則找來曾經在《我心遺忘的節奏》飾演一天到晚找漂亮妹妹幹炮、並不知不覺中被侯曼․杜黎斯 (Romain Duris) 戴綠帽的房地產經紀人，喬納唐․札卡伊 (Jonathan Zaccaï)，擔綱男主角。
西班牙導演阿耳貝․塞拉 (Albert Serra) 的《鳥聲啾啾》(El Cant dels ocells)、葡萄牙導演米蓋․勾美斯 (Miguel Gomes) 的《憧憬的八月》(Aquele querido mês de agosto) 跟法國導演貝禾童․波內羅 (Bertrand Bonnelo) 的《論戰爭》(De la guerre) 都有很不錯的評價。
「導演雙週」單元跟「國際影評人週」(la Semaine internationale de la Critique) 都預計在今天（5 月 24 號）傍晚公布得獎名單，午夜或明天清晨即可得知得獎名單。正式競賽單元的會外獎如國際影評人費比西獎以及天主教人道獎也都會在今天公布。
"Shultes" : allégorie d'une Russie en perte d'identité
LE MONDE |
Si l'on vous dit que ce film est l'histoire d'un pickpocket. Si l'on précise que son héros, Lesha Shultes, est un solitaire impénétrable, dénué de toute passion visible et de tout intérêt pour le monde environnant, qu'il vit dans un appartement miteux, qu'il a une vieille mère malade dont il ne se soucie guère, et qu'à la fin du film la rencontre d'une femme va influencer de façon déterminante son destin. Si l'on ajoute que la mise en scène de ce film, tourné avec des acteurs non professionnels, privilégie l'épure et l'ellipse, la capture du comportement plutôt que la description de la psychologie, la réalité intérieure au détriment de la surface visible des choses.
Vous aurez alors toutes les raisons de penser que le premier long métrage du Russe Bakur Bakuradze pousse un peu loin le démarquage du chef-d'œuvre signé en 1959 par Robert Bresson (Pickpocket), et que l'influence exercée sur ce dernier par Crime et châtiment de Dostoïevski n'est pas une raison suffisante pour autoriser ce genre de comportement. Shultes est pourtant un film remarquable, qui se réapproprie Bresson en lui rendant un juste hommage, bien davantage qu'il ne le plagie. La raison en est très simple, elle tient à deux facteurs essentiels. Le premier est qu'un demi-siècle s'est écoulé entre les deux films, transfigurant le monde au passage, le second est que celui-ci nous vient d'une Russie nouvelle.
La conséquence, c'est que Shultes est moins l'itinéraire d'une rédemption individuelle que l'allégorie d'un pays en proie à la désintégration de son identité et à l'oubli de son Histoire. Le vol n'y est plus une affirmation orgueilleuse de soi-même, mais l'expression d'un désespoir qui contraint celui qui le commet à dérober chez autrui ce dont il est dépossédé.
EPOPÉE DU PETIT PEUPLE
Lesha Shultes est de fait, après un accident de voiture, un amnésique dont l'imaginaire de substitution va paradoxalement le conduire à renouer avec le destin tragique de la grande tradition russe. Le choix des deux principaux acteurs, remarquables, ne fait que confirmer ceci, en renouant avec l'épopée du petit peuple : Gela Chitava (Shultes) est chauffeur de son état, et son compagnon de larcins, le jeune Ruslan Grebenkin, vit dans un orphelinat de Moscou.
Sous couvert d'une étude de cas pathologique, Shultes nous rappelle avec beaucoup de subtilité que l'occultation de l'Histoire conduit ni plus ni moins qu'à sa répétition, fût-ce sous d'autres formes. La découverte d'un film russe de cette qualité et de cette importance est donc un véritable événement. Né en 1969 à Tbilissi, diplômé en 1998 de l'école de cinéma VGIK où il a étudié sous la direction d'un des plus grands cinéastes de l'ère soviétique (Marlen Khutsiyev), Bakur Bakuradze est sans nul doute un nom qu'il faudra retenir.
Film russe de Bakur Bakuradze avec Gela Chitava, Ruslan Grebenkin, Cecile Plege. (1 h 40.)
Jacques Mandelbaum
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法國導演哈巴․阿默-札伊梅許 (Rabah Ameur-Zaïmeche) 的《最後一批游擊隊》(Le Dernier Maquis) 將跟《喂許喂許，發生了什麼事？》(Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ? , 2002)、《穀物第一號》(Bled Number One, 2006) 湊成一個三部曲。《最後一批游擊隊》繼續探討北非（馬格里布）移民在法國的社會處境，哈巴․阿默-札伊梅許他自己也有下海演戲。
西班牙導演阿耳貝․塞拉 (Albert Serra) 的《鳥聲啾啾》(El Cant dels ocells)、葡萄牙導演米蓋․勾美斯 (Miguel Gomes) 的《憧憬的八月》(Aquele querido mês de agosto) 跟法國導演貝禾童․波內羅 (Bertrand Bonnelo) 的《論戰爭》(De la guerre) 都有很不錯的評價。
「導演雙週」單元跟「國際影評人週」(la Semaine internationale de la Critique) 都預計在今天（5 月 24 號）傍晚公布得獎名單，午夜或明天清晨即可得知得獎名單。正式競賽單元的會外獎如國際影評人費比西獎以及天主教人道獎也都會在今天公布。
"Shultes" : allégorie d'une Russie en perte d'identité
LE MONDE |
Si l'on vous dit que ce film est l'histoire d'un pickpocket. Si l'on précise que son héros, Lesha Shultes, est un solitaire impénétrable, dénué de toute passion visible et de tout intérêt pour le monde environnant, qu'il vit dans un appartement miteux, qu'il a une vieille mère malade dont il ne se soucie guère, et qu'à la fin du film la rencontre d'une femme va influencer de façon déterminante son destin. Si l'on ajoute que la mise en scène de ce film, tourné avec des acteurs non professionnels, privilégie l'épure et l'ellipse, la capture du comportement plutôt que la description de la psychologie, la réalité intérieure au détriment de la surface visible des choses.
Vous aurez alors toutes les raisons de penser que le premier long métrage du Russe Bakur Bakuradze pousse un peu loin le démarquage du chef-d'œuvre signé en 1959 par Robert Bresson (Pickpocket), et que l'influence exercée sur ce dernier par Crime et châtiment de Dostoïevski n'est pas une raison suffisante pour autoriser ce genre de comportement. Shultes est pourtant un film remarquable, qui se réapproprie Bresson en lui rendant un juste hommage, bien davantage qu'il ne le plagie. La raison en est très simple, elle tient à deux facteurs essentiels. Le premier est qu'un demi-siècle s'est écoulé entre les deux films, transfigurant le monde au passage, le second est que celui-ci nous vient d'une Russie nouvelle.
La conséquence, c'est que Shultes est moins l'itinéraire d'une rédemption individuelle que l'allégorie d'un pays en proie à la désintégration de son identité et à l'oubli de son Histoire. Le vol n'y est plus une affirmation orgueilleuse de soi-même, mais l'expression d'un désespoir qui contraint celui qui le commet à dérober chez autrui ce dont il est dépossédé.
EPOPÉE DU PETIT PEUPLE
Lesha Shultes est de fait, après un accident de voiture, un amnésique dont l'imaginaire de substitution va paradoxalement le conduire à renouer avec le destin tragique de la grande tradition russe. Le choix des deux principaux acteurs, remarquables, ne fait que confirmer ceci, en renouant avec l'épopée du petit peuple : Gela Chitava (Shultes) est chauffeur de son état, et son compagnon de larcins, le jeune Ruslan Grebenkin, vit dans un orphelinat de Moscou.
Sous couvert d'une étude de cas pathologique, Shultes nous rappelle avec beaucoup de subtilité que l'occultation de l'Histoire conduit ni plus ni moins qu'à sa répétition, fût-ce sous d'autres formes. La découverte d'un film russe de cette qualité et de cette importance est donc un véritable événement. Né en 1969 à Tbilissi, diplômé en 1998 de l'école de cinéma VGIK où il a étudié sous la direction d'un des plus grands cinéastes de l'ère soviétique (Marlen Khutsiyev), Bakur Bakuradze est sans nul doute un nom qu'il faudra retenir.
Film russe de Bakur Bakuradze avec Gela Chitava, Ruslan Grebenkin, Cecile Plege. (1 h 40.)
Jacques Mandelbaum
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