海地:作家丹尼˙拉菲黎葉動人的見證


二○○九年秋,以《歸鄉之謎》(L'Enigme du retour (Grasset)) 這本小說獲頒梅第齊 (Médicis) 文學獎的男小說家丹尼˙拉菲黎葉,他是被海地的「令人驚嘆的旅客」(Etonnants Voyageurs) 書展邀請的作家之一──該書展本來要在一月十四號到二十一號在太子港舉辦。丹尼˙拉菲黎葉剛回到他已定居良久的蒙特婁,他前幾天都待在海地首都;一月十五號禮拜五的時候他接受我們的訪談(譯註:在蒙特婁)

地震發生的時候,您人在哪裡?


我待在培匈維勒
(Pétionville) 的卡黎貝旅館 (Hôtel Karibé),跟書商羅德尼˙聖太羅 (Rodney Saint-Eloi) 在一起。他剛剛才抵達旅館,所以想趕快進到他的房間。因為我肚子餓了,我就把他帶到餐廳,也許是這樣才救了他一命……當我們聽到一聲巨響時(譯註:當地時間十六點五十三分開始大地震),其實我們正在用餐。在第一時間,我以為是廚房裡有什麼東西爆炸了;然後很快地我瞭解到那是地震。我趕快跑到中庭,直接趴在地上。前後大約有六十秒的時間吧,完全沒停過的六十秒,一度我以為這地震恐怕永遠不會停下來咧,然後地上可能會裂開一個大縫。真的是超級恐怖。我們好像覺得這個大地就像一張很薄的紙,不再有什麼厚度,你也什麼都感覺不到了;地板完全變得軟啪啪的。

那這個六十秒鐘過後呢?

我們重新站起來,覺得應該要離旅館遠一點才行,因為那個旅館的建築有點高,所以已經不是很安全了。我們往下走到網球場,所有的人都聚集在那塊空地上。兩、三分鐘過後,我們開始聽到一些尖叫聲……靠近旅館的地方,本來只有一點點的災情,然後在中庭附近有一些比較小型的建築物,有些人一整年都住在那兒;那些房子全都垮了。算了一下,計有九個人死亡。當我們還在怕會再有餘震時,已經有一些人開始起身去救援別人了。
市區內是一片死寂,幾乎沒有人敢再動一下。每個人都在猜想自己的家人人大概會在哪裡,因為一月十二號大地震的時候,太子港依舊車水馬龍。十六點的時候,學生放學後都還在街上亂晃。這個時刻,是最後幾分鐘還能夠買東西的時間,然後大家就要回家,交通也開始有一點亂。這一個小時,整個社會是完全地爆炸、紛亂。在十五點到十六點間,你可以知道你的親人們人會在什麼地方;但十六點五十分的時候,你不太可能知道。那種焦慮,是徹徹底底的。那種焦慮,意外地造成驚人的寂靜,維持了好幾個小時之久。然後,大家又開始再找尋親人。我們又再回到旅館,幸好有美國廣播跟口耳相傳的訊息,我們知道總統大廈倒塌了一部分,但(何內)˙蒲雷華 (René Préval) 總統安全無恙。但在我們周遭的人,沒有人知道他們的親人現況如何。

那您是怎麼知道您親友的消息?

這都要感謝我的男小說家朋友李歐內˙涂憂 (Lyonel Trouillot),他實在很夠義氣。雖然他有些不良於行,但他還是走路走到我們住宿的旅館。那時我們人在網球場,他沒看到我們。隔一天,他開車再過來一趟,把我帶到我母親家裡。之後,我們去探望(偉大的)法藍科田 (Frankétienne) ──《世界報》原註:男劇作家、小說家──,他家出現了一些裂縫,我們看到他在哭。在地震發生前,他正在排練他所寫的某一部劇本的個人獨白,那個劇碼就是在講太子港的地震。他跟我說:「我們再也不能演這個劇本了。」
我回他說:「別這樣就放棄,文化會把我們救回來。做你會做的事情吧。」這個地震是非常悲慘的一件事,但是「文化」呢,就得靠它把整個國家結構起來。我把他帶出門,跟他說大家都還想再看到他。就算肢體的部分垮了,也還是會有人文的部分還挺得住。這位這麼偉大的藝術家,法藍科田,實在是太子港的一個象徵 (une métaphore)。一定要讓他走出自己的家才行。當我再回到我母親的家中,我實在非常擔心,因為我看到好多看起來很堅固的建築物整個都倒塌光了,我也看到無以計數的罹難者。

即使是災情比較不嚴重的培匈維勒嗎?

對,有很多。剛開始我還會去數,後來就放棄了……那是一堆屍體,人們把屍體沿著路邊細心地安置好,上面鋪一條被單或一塊布而已。經過很安靜跟很焦慮的時刻之後,人們開始外出,開始組織起來,為他們的房子補破洞。能夠把這座城市拯救回來的,是那些最最貧窮的人所具備的能力。為了要幫助別人,為了要尋找吃的東西,這些人在整座城市裡面開創出巨大的能量。靠他們,人們才覺得這座城市至少還活躍著。沒有他們的話,太子港就會一直是個死城,因為那些家裡有東西可維持過活的人,大多都會留在家裡面、不會出來。

您是為了要向大家告知有這個能量,才回來的嗎?

是這樣沒錯,但不是只是這樣。加拿大大使館向我建議說禮拜五登機,我接受了,因為我擔心像這樣的大災難,只會引起一種很制式化的說法。不要再使用「被詛咒」(malédiction) 這樣的字眼了,這是一個很侮辱人的字眼,言下之意是說海地做錯了什麼事,然後要為此付出它的代價。
這是一個從科學來看毫無意義的字眼。我們經歷過很多颶風的襲擊,而且講得更精確一點,像這種程度的地震,兩百多年來我們從未碰過。如果這真是被詛咒的話,那我們也應該要說加州跟日本都也被詛咒過。有些美國的電視福音傳教士還假裝說海地人曾經跟惡魔立下契約,但好歹不是媒體它自己這樣子說……媒體最好能夠見證我所看到的巨大的能量,這些男人、這些女人,他們既有勇氣、又有尊嚴,大家都互相幫忙。雖然這城市有一大半都被摧毀了,這國家也像被砍頭一般,但民眾仍留下來,繼續工作、繼續生活。所以,發發慈悲吧,不要再使用「被詛咒」這樣的字眼,海地沒做什麼壞事,也不須要賠上什麼,這只不過是在任何地方都很有可能發生的天災。
還有另外一種說法,到處都在亂用,也不應該再繼續使用;那就是「打劫」(pillage)。當人們幾乎快活不下去時,在瓦礫堆中找看看還有沒有可以吃的、喝的,直到推土機把這些都剷平之前,這根本不叫作是打劫,這叫作苟且求生存。毫無疑問,在未來一定會有打家劫舍的事發生,因為任何一座人口達到兩百萬的城市,都會有一定比例的人口是從事犯罪工作;但到目前為止,我眼睛所見的,仍只是一些人盡他們最後的力氣想要繼續存活下去而已。

國際進來的救援,當地人怎麼看?

這一次,民眾感覺到整個救援行動是很嚴肅的,不是只是作作戲而已──因為以往大概都只是這樣。人們感覺到外國政府是真的想為海地做一些事情,而且全國沒有人想拒絕這樣的援助。因為,才剛發生不久的事,的的確確是太過嚴重。還有好多事情該做,尤其該先把屍體都集中起來。很顯然,這件事將花掉好幾個禮拜的時間去做;然後,該清除全城所有的破岩殘塊,避免傳染病爆發。但首要編號第一號的問題,絕對是水,因為在太子港,水是被污染的。通常我們會把水煮開再喝,但現在已經沒有瓦斯了。
海地人對國際社群抱很大的期望。如果很多事情,特別指大規模的重建計劃,都能在最最高的層級被決策出來的話,那麼海地人是能夠容忍這最後的煎熬。政府幾近瓦解,整個國家幾乎也因為政府瓦解而受創嚴重,但這正是直接迎向人民的時刻,總算能夠為這個國家做出很有膽識的事情的時候。

記者:克莉思汀˙盧梭 (Christine Rousseau)
翻譯:周星星

Haïti : le témoignage bouleversant de l'écrivain Dany Laferrière
LE MONDE | 16.01.10 | 10h40  •  Mis à jour le 16.01.10 | 13h29

Romancier récompensé à l'automne 2009 par le prix Médicis pour L'Enigme du retour (Grasset), Dany Laferrière faisait partie des écrivains invités au festival Etonnants Voyageurs en Haïti, qui devait avoir lieu à Port-au-Prince du 14 au 21 janvier. Après plusieurs jours passés dans la capitale haïtienne, de retour à Montréal, où il réside depuis de longues années, il nous a accordé, vendredi 15 janvier, un entretien.

Où étiez-vous lorsque le séisme s'est produit ?

J'étais à l'Hôtel Karibé, qui se situe à Pétionville, en compagnie de l'éditeur Rodney Saint-Eloi. Il venait juste d'arriver et voulait aller dans sa chambre. Comme j'avais faim, je l'ai entraîné au restaurant et cela l'a peut-être sauvé… Nous étions donc en train de dîner lorsque nous avons entendu un bruit très fort. Dans un premier temps, j'ai pensé que c'était une explosion qui venait des cuisines, puis ensuite j'ai compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. Je suis aussitôt sorti dans la cour et me suis couché par terre. Il y a eu soixante secondes interminables où j'ai eu l'impression que ça allait non seulement jamais finir, mais que le sol pouvait s'ouvrir. C'est énorme. On a le sentiment que la terre devient une feuille de papier. Il n'y plus de densité, vous ne sentez plus rien, le sol est totalement mou.

Et après ces soixante secondes ?

Nous nous sommes relevés et nous nous sommes dit qu'il fallait s'éloigner de l'hôtel, qui est un bâtiment assez haut, donc peu sûr. Nous sommes alors descendus vers le terrain de tennis, où tout le monde s'est regroupé. Deux ou trois minutes plus tard, nous avons commencé à entendre des cris… Près de l'hôtel, où il n'y avait que peu de dégâts, il y a, dans la cour, de petits immeubles où les gens vivent à l'année. Tous étaient effondrés. On a dénombré neuf morts. Alors qu'on redoutait d'autres secousses, des personnes se sont levées pour commencer à porter secours.

Un énorme silence est tombé sur la ville. Personne ne bougeait ou presque. Chacun essayait d'imaginer où pouvaient se trouver ses proches. Car lorsque le séisme s'est produit, mardi 12 janvier, Port-au-Prince était en plein mouvement. A 16 heures, les élèves traînent encore après les cours. C'est le moment où les gens font leurs dernières courses avant de rentrer et où il y a des embouteillages. Une heure d'éclatement total de la société, d'éparpillement. Entre 15 et 16 heures, vous savez où se trouvent vos proches mais pas à 16h50. L'angoisse était totale. Elle a créé un silence étourdissant qui a duré des heures. Ensuite, on a commencé à rechercher les gens. Nous sommes retournés à l'hôtel et, grâce à la radio américaine et au bouche-à-oreille, on a appris que le palais présidentiel s'était effondré mais que le président Préval était sauf. Mais personne autour de nous n'avait de nouvelles de sa famille.

Comment en avez-vous eu ?

Grâce à mon ami, le romancier Lyonel Trouillot, admirable. Bien qu'il ait des difficultés pour marcher, il est venu à pied jusqu'à l'hôtel. Nous étions sur le terrain de tennis, il ne nous a pas vus. Il est revenu le lendemain en voiture pour m'emmener chez ma mère. Après quoi, nous sommes passés voir le grand Frankétienne [dramaturge et écrivain], qui avait sa maison fissurée et qui était en larmes. Juste avant le séisme, il répétait le solo d'une de ses pièces de théâtre qui évoque un tremblement de terre à Port-au-Prince. Il m'a dit: "On ne peut plus jouer cette pièce."

Je lui ai répondu: "Ne laisse pas tomber, c'est la culture qui nous sauvera. Fais ce que tu sais faire." Ce tremblement de terre est un événement tragique, mais la culture, c'est ce qui structure ce pays. Je l'ai incité à sortir en lui disant que les gens avaient besoin de le voir. Lorsque les repères physiques tombent, il reste les repères humains. Frankétienne, cet immense artiste, est une métaphore de Port-au-Prince. Il fallait qu'il sorte de chez lui. En me rendant chez ma mère, j'étais angoissé car j'ai vu des immeubles en apparence solides totalement détruits, et aussi d'innombrables victimes.

Même à Pétionville, moins touchée ?

Oui, beaucoup. J'ai commencé à les compter, puis j'ai cessé… C'étaient des piles de corps que les gens disposaient avec soin, le long des routes, en les couvrant d'un drap ou d'un tissu. Après le temps de silence et d'angoisse, les gens ont commencé à sortir et à s'organiser, à colmater leurs maisons. Car ce qui a sauvé cette ville c'est l'énergie des plus pauvres. Pour aider, pour aller chercher à manger, tous ces gens ont créé une grande énergie dans toute la ville. Ils ont donné l'impression que la ville était vivante. Sans eux, Port-au-Prince serait restée une ville morte, car les gens qui ont de quoi vivre sont restés chez eux pour la plupart.

C'est pour témoigner de cette énergie que vous êtes rentré ?

En effet, mais pas seulement. Lorsque l'ambassade du Canada m'a proposé d'embarquer vendredi, j'ai accepté car je craignais que cette catastrophe ne provoque un discours très stéréotypé. Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye.

C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias… Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent. Alors de grâce, cessez d'employer le terme de malédiction, Haïti n'a rien fait, ne paye rien, c'est une catastrophe qui pourrait arriver n'importe où.

Il y a une autre expression qu'il faudrait cesser d'employer à tort et à travers, c'est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie, vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s'apparente pas à du pillage mais à de la survie. Il y aura sans doute du pillage plus tard, car toute ville de deux millions d'habitants possède son quota de bandits, mais jusqu'ici ce que j'ai vu ce ne sont que des gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre.

Comment est perçue la mobilisation internationale ?

Les gens sentent que cette fois, cette aide est sérieuse, que ce n'est pas un geste théâtral comme cela a pu se produire par le passé. On perçoit que les gouvernements étrangers veulent vraiment faire quelque pour chose pour Haïti, et aussi que dans le pays personne ne veut détourner cette aide. Car ce qui vient de se produire est bien trop grave. Il y a tant à faire, à commencer par ramasser les morts. Cela prendra sans doute plusieurs semaines. Ensuite, il faudra déblayer toute la ville pour éviter les épidémies. Mais le problème numéro un, c'est l'eau, car à Port-au-Prince, elle est polluée. Habituellement, on la fait bouillir pour la boire, mais il n'y a plus de gaz.

Les Haïtiens espèrent beaucoup de la communauté internationale. Si des choses sont décidées à un très haut niveau, dans le cadre d'un vaste plan de reconstruction, alors les Haïtiens sont prêts à accepter cette dernière souffrance. La représentation de l'Etat, à travers le gouvernement décimé, étant touchée, c'est le moment d'aller droit vers le peuple et de faire enfin quelque chose d'audacieux pour ce pays.

Propos recueillis par Christine Rousseau

Article paru dans l'édition du 17.01.10
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