Mercredi 7 janvier 2015

L’attentat contre Charlie Hebdo

11h30
Attaque contre le journal « Charlie Hebdo »
Deux hommes cagoulés pénètrent dans les locaux du journal Charlie Hebdo, armés de fusil d’assaut. Dans l’entrée, ils abattent l’agent d’entretien Frédéric Boisseau et se rendent au 2e étage, où se tient la conférence de rédaction. Les deux assaillants surgissent dans la salle de réunion, ouvrent le feu en criant « Allah akbar » et tuent par balle dix autres personnes en quelques secondes. L’attaque dure au total moins de cinq minutes. Les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré ont été assassinés, ainsi que l’économiste et chroniqueur Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourrad, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat, l’officier chargé de la protection de Charb, Franck Brinsolaro, et un invité, Michel Renaud, ancien directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand. En quittant le siège du journal, les deux hommes tuent un policier, Ahmed Merabet, à bout portant, boulevard Richard-Lenoir, puis prennent la fuite. Huit personnes sont blessées lors de l’attaque.

12h00
Les assaillants en fuite
Les terroristes quittent le siège de Charlie Hebdo et engagent une course-poursuite vers le nord de Paris. Ils percutent violemment une voiture place du Colonel-Fabien puis abandonnent leur voiture rue de Meaux, dans le 19e arrondissement. Ils braquent ensuite un automobiliste et lui volent son véhicule, une Clio grise. La police perd leur trace vers la porte de Pantin.

12h45
Le plan Vigipirate relevé au niveau « alerte attentat »
Le plan Vigipirate est relevé au niveau « alerte attentat », son niveau le plus élevé, dans l’ensemble de la région Ile-de-France. Au total, 88 000 membres des forces de sécurité, policiers, gendarmes et militaires, sont mobilisés dans tout le pays. Il n’y a eu qu’un seul précédent : en mars 2012, le plan Vigipirate était passé brièvement en alerte « écarlate » dans la région Midi-Pyrénées, au moment des tueries perpétrées par Mohammed Merah à Toulouse et Montauban.

18h00
Une centaine de rassemblements en France
Abasourdis par la violence de l’attaque et indignés par l’atteinte à la liberté d’expression, plus de 100 000 personnes se retrouvent dans la soirée pour des manifestations spontanées dans toute la France en hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Des rassemblements sont signalés à Paris,Toulouse, Nantes, Strasbourg, Rennes… et au total dans une centaine de villes.

20h00
Une journée de deuil national décrétée
Le président François Hollande, qui s’était rendu devant le siège de Charlie Hebdo moins d’une heure après l’attaque, prend la parole mercredi soir à l’Elysée. En mémoire des « héros » victimes de l’attentat, il annonce un deuil national d’une journée, jeudi, le cinquième de l’histoire de la Ve République. Dans une courte adresse solennelle à la nation, le chef de l’Etat renouvelle son appel au rassemblement après l’attentat. « Notre meilleure arme, c’est notre unité. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous séparer. »

23h00
Saïd et Chérif Kouachi, les deux suspects en fuite
La police concentre ses recherches sur Saïd et Chérif Kouachi, deux frères identifiés dès l’après-midi comme les principaux suspects. La carte d’identité du premier cité a été trouvée dans la voiture abandonnée rue de Meaux, après l’attaque du journal. L’empreinte digitale du second a été identifiée sur un des cocktails Molotov récupérés dans le véhicule. Pendant la soirée et la nuit, des opérations policières sont menées à Reims, Gennevilliers et Charleville-Mézières, où les suspects étaient susceptibles d’être hébergés. Sept personnes sont placées en garde à vue. Certains médias évoquent la présence d’un troisième homme, âgé de 18 ans, mais celui-ci se rend de lui-même à la police et aucune charge n’est retenue contre lui.


Jeudi 8 janvier 2015

3h00
Un appel à témoins pour les frères Kouachi
L’identification de Saïd et Chérif Kouachi ayant été relayée par de nombreux médias dans la soirée, il est décidé, vers 3 heures du matin, de diffuser un appel à témoins les concernant.

7h20
Une policière tuée à Montrouge
A Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, un homme vêtu de noir, portant une cagoule et un gilet pare-balles, tire au fusil mitrailleur sur deux policiers municipaux occupés à gérer un accrochage routier. La policière, Clarissa Jean-Philippe, 25 ans, est tuée. L’agresseur braque une voiture et disparaît. Dans un premier temps, le lien avec l’attentat contre Charlie Hebdo n’est pas avéré.

9h30
Les frères Kouachi repérés près de Villers-Cotterêts
Les deux hommes recherchés par les forces de l’ordre depuis la veille sont repérés vers 9 h 30 près de Villers-Cotterêts (Aisne), où ils braquent, à visage découvert, une station-service sur la nationale 2. Un immense dispositif policier est déployé dans l’Oise et dans l’Aisne.

12h00
Une minute de silence en France
Les drapeaux sont en berne, la France est en deuil. Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, une minute de silence est respectée à midi en hommage aux victimes. Dans le RER, à l’Assemblée nationale, devant les mairies, dans les écoles, les universités et les entreprises, les Français se recueillent.

16h30
Le plan Vigipirate « alerte attentat » étendu à la Picardie
Le niveau « alerte attentat », activé en Ile-de-France depuis la tuerie de Charlie Hebdo mercredi, est étendu à la région Picardie, où les deux suspects ont été repérés. Le RAID et le GIGN se déploient dans l’après-midi aux alentours de Villers-Cotterêts.

22h00
La chasse à l’homme entre Corcy et la forêt de Longpont
Les forces d’intervention sillonnent les environs de Villers-Cotterêts puis c’est au tour du village de Corcy, accolé à Villers-Cotterêts, d’être investi par un nombre croissant de membres des forces de l'ordre. Ces derniers passent au peigne fin toutes les maisons avec l’appui d’un hélicoptère. Les habitants de la commune sont priés de rentrer chez eux, de se barricader et de s’enfermer à clef. « C’est une chasse à l’homme », affirme un policier. Les forces d’intervention s’engouffrent ensuite dans la forêt de Longpont, où elles restent plusieurs heures avant de quitter les lieux entre 21 h 30 et 22 heures. Les frères Kouachi sont toujours en cavale.


Vendredi 9 janvier 2015

Des prises d’otages et deux assauts

9h20
Une fusillade à Dammartin-en-Goële
Les frères Kouachi surgissent d’un bois et braquent un automobiliste à Nanteuil-le-Haudouin, dans l’Oise. Ils prennent la fuite au volant de sa Peugeot 206, qu’ils abandonnent peu après dans la zone artisanale de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne. Après un échange de tirs avec une patrouille de gendarmes, les deux hommes se réfugient dans les locaux d’une imprimerie et prennent en otage son patron, qu’ils libèrent dans la matinée. Un employé de l’imprimerie se trouve aussi dans le bâtiment mais sa présence reste ignorée des frères Kouachi.

12h49
Le lien entre les frères Kouachi et Coulibaly est établi
Des sources proches de l’enquête confirment au Monde qu’Amedy Coulibaly, le suspect de la fusillade de Montrouge, est un proche des frères Kouachi. Pendant la nuit, il avait été formellement identifié comme étant l’auteur de l’attaque qui a coûté la vie à une policière municipale, grâce à une trace ADN prélevée sur une cagoule retrouvée sur les lieux.

13h35
Attaque et prise d’otages au supermarché casher de la porte de Vincennes, à Paris
Un homme entre dans le supermarché casher de l’avenue de la Porte-de-Vincennes, au pied du périphérique parisien. Lourdement armé, il tue trois personnes. On ignore s’il est seul dans le magasin ou s’il a pris des otages. Les policiers du RAID encerclent aussitôt le bâtiment, le quartier est bouclé, le périphérique coupé. La police suspecte fortement qu’il s’agit du tireur de Montrouge. Coulibaly est rapidement identifié sur les vidéos de surveillance.

14h00
Deux avis de recherche lancés pour Montrouge
Alors que l’attaque de la porte de Vincennes vient de se produire, la police lance un appel à témoins dans le cadre de l’assassinat de la policière à Montrouge jeudi. Sont officiellement recherchés Amedy Coulibaly, 32 ans, suspecté d’être le tireur, et sa compagne, Hayat Boumeddiene, âgée de 26 ans.

17h00
Fin de traque à Dammartin-en-Goële
Tout au long de la journée, les frères Kouachi ne donnent aucune suite aux appels passés par les négociateurs. Peu avant 17 heures, la porte de la façade de l’imprimerie s’entrouvre d’une quinzaine de centimètres. Fusils d’assaut à la main, Saïd et Chérif Kouachi sortent et tirent en rafale vers les forces de l’ordre, qui répliquent par des grenades à effet de souffle. A terre, les terroristes présumés continuent à tirer sur les membres du GIGN, qui sont contraints de les abattre. L’employé caché à l’intérieur du bâtiment est libéré sain et sauf.

17h10
L’assaut est lancé porte de Vincennes
Quelques minutes plus tard, à la porte de Vincennes, après plus de trois heures de prise d’otages, un assaut des forces d’élite de la police est lancé sur le supermarché. On entend quatre explosions et des coups de feu, en rafale. Amedy Coulibaly est tué. Une quinzaine d’otages sortent, escortés de policiers. Quatre corps sont découverts dans le magasin. Une heure après le dénouement tragique de la prise d’otages, BFM-TV diffuse les enregistrements des trois terroristes qui ont revendiqué leurs attaques auprès de la chaîne. Chérif Kouachi affirme agir pour le compte d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), tandis qu’Amedy Coulibaly, qui a lui-même contacté la chaîne vers 15 heures, se réclame de l’Etat islamique, organisation pourtant rivale d’Al-Qaida. Ce dernier affirme également s’être « synchronisé » avec les tueurs de Charlie Hebdo pour planifier les attaques.

20h00
François Hollande annonce sa participation à la marche républicaine
Le président de la République confirme lors d’une courte intervention qu’il participera au grand rassemblement organisé dimanche à Paris en hommage aux victimes des différents attentats (Charlie Hebdo, Montrouge, porte de Vincennes) survenus en Ile-de-France depuis mercredi. Jusqu’aux premières heures du dimanche 11 janvier, une quarantaine de dirigeants internationaux annoncent leur présence, parmi lesquels la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique David Cameron, le premier ministre italien Matteo Renzi, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, mais aussi le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.


Samedi 10 janvier 2015

Le jour d’après

Manifestations massives en province
A la veille d’un grand rassemblement organisé à Paris et en région, des manifestations se déroulent dans plusieurs villes, comme Marseille, Lille ou Nice. Elles réunissent au total plus de 700 000 personnes dans toute la France, selon un bilan donné par le ministère de l’intérieur.

15h00
Les identités des quatre victimes juives révélées
Le Conseil représentatif des institutions juives de France divulgue les noms des quatre personnes tuées vendredi à l’Hyper Cacher. Il s’agit de quatre hommes, Yoav Hattab, 22 ans, étudiant d’origine tunisienne ; Yohan Cohen, 23 ans, employé du supermarché habitant à Sarcelles ; Philippe Braham, 45 ans, cadre commercial ; et François-Michel Saada, 64 ans, cadre supérieur retraité.

17h00
Hayat Boumeddiene a quitté la France
Selon les informations du Monde, une femme « ressemblant fortement à Hayat Boumeddiene et munie de son passeport » a pris un vol Madrid-Istanbul le 2 janvier, en compagnie d’un homme dont le frère est connu des services de renseignement français. Elle aurait ensuite, selon les services de renseignement turcs, passé la frontière turco-syrienne le 8 janvier et n’a jamais utilisé son billet retour.

18h00
Le frère du policier tué à « Charlie Hebdo » appelle à l’apaisement
Malek Merabet, le frère d’Ahmed Merabet, policier tué lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier à Paris, affirme lors d’une conférence de presse que son frère était « très fier de s’appeler Ahmed Merabet, de représenter la police française et de défendre les valeurs de la République ». Dans un discours poignant, il appelle à arrêter « de faire l’amalgame ». « Arrêtez (…) de déclencher des guerres, de brûler des mosquées ou des synagogues. Vous vous attaquez à des gens. Ça ne ramènera pas nos morts et ça n’apaisera pas les familles. »


Dimanche 11 janvier 2015

La marche républicaine

11h30
Dans une vidéo posthume, Amedy Coulibaly revendique les attaques
Dans une vidéo diffusée dimanche matin, un homme formellement identifié comme étant Amedy Coulibaly se revendique de l’Etat islamique et affirme s’être « synchronisé » avec les frères Kouachi. Le parquet a requis le retrait de la vidéo, dont le montage et la diffusion après les attentats supposent la présence d’au moins un complice au terroriste.

14h45
Les dirigeants étrangers quittent l’Elysée en car
Quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier – à l’exception notable de Barack Obama – ainsi que des personnalités politiques et religieuses de premier plan assistent à la marche à Paris. Balayant tout protocole, ces dirigeants, y compris l’Israélien Benyamin Nétanyahou et le Palestinien Mahmoud Abbas, empruntent des cars pour se rendre à la manifestation. Sur le perron de l’Elysée, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel, se donnent une accolade très remarquée.

15h00
Départ de la marche républicaine
Dès la mi-journée, des centaines de milliers de personnes convergent vers la place de la République à Paris. En tête du cortège se trouvent les familles des victimes de l’attaque de Charlie Hebdo, de la policière de Montrouge et des morts de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Des salves d’applaudissements balaient la foule massée sur la place et on chante par intermittence La Marseillaise. Le dispositif policier est énorme : plus de 5 500 agents et militaires sont déployés.



19h00
La plus grande mobilisation jamais recensée en France
Selon le décompte du Monde, près de trois millions de personnes ont défilé en province, battant des records de participation à Lyon, Rennes, Bordeaux… et dans de nombreuses petites villes. A Paris, même si aucun décompte officiel n’a été communiqué, ils étaient plus d’un million rassemblés en hommage aux victimes des attaques terroristes. Selon le ministère de l’intérieur, il s’agit d’un rassemblement « sans précédent ». Autre événement inédit dans les cortèges, la gratitude exprimée aux policiers et CRS qui ont payé un lourd tribut lors des jours précédents. Aucun incident n’a par ailleurs été signalé lors de ces marches.

20h00
Hollande et Nétanyahou à la grande
Le président François Hollande et le premier ministre d’Israël, Benyamin Nétanyahou, manifestent leur soutien à la communauté juive lors d’une cérémonie à la grande synagogue de Paris, comble, où ils ont été accueillis sous les ovations. Mais ce geste ne suffit pas à apaiser les craintes de certains juifs de France, tentés par le départ vers Israël.

23h00
Une journée historique
La manifestation officielle est terminée depuis longtemps, mais de nombreuses personnes restent jusque tard dans la nuit place de la République, sous l’œil bienveillant des forces de l’ordre, pour se réjouir d’avoir vécu une journée historique et un moment de fraternité et de recueillement inédit. Le mouvement français est relayé par des manifestations autour du monde, de Hollywood à Katmandou en passant par Le Caire.

posté le mercredi 14 janvier MMXV

arrow
arrow
    全站熱搜
    創作者介紹
    創作者 Tel quel 的頭像
    Tel quel

    就像這樣 Tel quel

    Tel quel 發表在 痞客邦 留言(0) 人氣()