Le sociologue allemand Ulrich Beck est mort
Le Monde.fr | 03.01.2015 à 14h44 • Mis à jour le 03.01.2015 à 15h08 |

Le sociologue allemand Ulrich Beck, à qui l'on doit notamment le concept de la « société du risque » est décédé le 1er janvier d'un infarctus, à l'âge de 70 ans. Né le 15 mai 1944 à Stolp, aujourd'hui Słupsk en Pologne, Ulrich Beck a grandi à Hanovre mais a fait ses études supérieures à Munich où il a étudié la sociologie, la psychologie et la science politique. L'année même de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986, il publie son ouvrage majeur : La Société du risque (Aubier, 2001) qui connaîtra un succès mondial mais ne sera traduit en français que quinze ans plus tard.

Pour lui, « la production sociale des richesses » est désormais inséparable de « la production sociale de risques ». L'ancienne politique de distribution des « biens » de la société industrielle doit donc être relayée par une politique de distribution des « maux » engendrés par cette société.

Comme le note le sociologue belge Frédéric Vandenberghe dans une Introduction à la sociologie cosmopolitique du risque d'Ulrich Beck, « confrontée aux conséquences de la politique d'industrialisation, la société industrielle devient “réflexive”, ce qui veut dire qu'elle devient un thème et un problème pour elle-même ». Une théorie qui a eu un impact important sur le mouvement écologiste allemand qui a pris son essor dans les années 1980 et a été notamment influencé par la « seconde modernité » décrite par Ulrich Beck.

Lorsqu'Angela Merkel a annoncé en mars 2011 après la catastrophe de Fukushima vouloir renoncer au nucléaire civil à l'horizon 2022, Ulrich Beck avait accepté de faire partie de la commission éthique chargée de réfléchir à la faisabilité d'un tel projet pour l'Allemagne.

« NON À L'EUROPE ALLEMANDE »

Ses réflexions sur le risque ont amené Ulrich Beck à remettre très tôt en question les Etats-nations, une notion qu'il qualifiait de « catégorie-zombie ». Il était en faveur d'un Parlement mondial, tout en soulignant les risques que cette mondialisation entraînait pour l'individu de moins en moins protégé par des structures collectives et de plus en plus dépendant d'une réussite individuelle reposant notamment sur l'éducation et le savoir.

Pour Ulrich Beck, la construction européenne était une étape importante vers la voie de la mondialisation maîtrisée qu'il appelait de ses vœux. En 2010, avec notamment les députés européens Daniel Cohn-Bendit et Sylvie Goulard et l'ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt, il faisait partie du groupe Spinelli qui plaidait pour une Europe fédérale.

Avec le philosophe Jürgen Habermas dont il était proche, Ulrich Beck était l'un des intellectuels allemands les plus engagés ces dernières années dans le combat européen. Les titres de deux de ses derniers ouvrages Pour un empire européen et Non à l'Europe allemande en témoignent. Ulrich Beck aimait mettre en avant les cours qu'il avait donnés à la London School of Economics et à la Maison des sciences de l'homme à Paris. Ne détestant pas la polémique, Ulrich Beck s'en était violemment pris ces dernières années à Angela Merkel, fustigeant l'attentisme de la chancelière. Il avait créé le néologisme Merkiavel qui allait faire florès dans toute l'Europe.

 
 Par Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)




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