哲學就是:攻擊來、攻擊去。
不管是不是因為對概念的理解不一致,或者是對立場的感知不一致,攻擊來、攻擊去,吵來吵去,罵來罵去,好像都也是常態、常事,多看看就是。
Le déni persistant de l'antisémitisme d'Heidegger
Le Monde.fr | 01.10.2014 à 11h36 |
Par Michèle Cohen-Halimi (maître de conférences à l'université de Paris Ouest) et Francis Cohen (professeur de philosophie à Paris )
La publication des Cahiers noirs, selon Jean-Luc Nancy (Le Monde, 26 septembre), n'invalide pas l'œuvre d'Heidegger, mais elle suscite une forte gesticulation à laquelle il serait temps de substituer un travail. Quelle gesticulation ? Quel travail ? Il ne sert à rien de gesticuler puisque, asserte Jean-Luc Nancy, « nous n'apprenons rien dans les Cahiers noirs » sur l'antisémitisme d'Heidegger.
Nous savions déjà qu'Heidegger était antisémite alors même qu'aucun texte, selon Jean-Luc Nancy, n'attestait cet antisémitisme, et maintenant que nous pouvons lire dans les derniers tomes de l' « Œuvre complète » d'Heidegger (Gesamtausgabe bd. 95 et 96), c'est-à-dire dans les Cahiers noirs, l'expression la plus brutale de cet antisémitisme, il n'y a plus rien à lire.
Etrange travail de la pensée qui sait sans lire et qui lit sans apprendre, pour finir par imposer comme évidente une contre-vérité. Les Cahiers noirs font, de fait, partie intégrante de l'œuvre, cette intégration était sciemment prévue par Heidegger lui-même et conçue comme l'achèvement du chemin de sa pensée.
Lire Heidegger, selon ce chemin par lui prescrit, qui nous conduit à ces volumes terminaux, c'est apprendre en lisant toute l'ampleur d'un antisémitisme inscrit dans l'œuvre. Depuis ce refus de lire l'inscription des Cahiers noirs dans l'œuvre, Jean-Luc Nancy décrète que la seule question philosophiquement pertinente consiste à examiner le sens de l'antisémitisme occidental : « De quoi s'agit-il dans l'antisémitisme ? Question jamais assez ni jamais bien posée, et qui s'adresse à tous, non au seul Heidegger… ».
PSYCHISME OCCIDENTAL
L'analyse de Jean-Luc Nancy s'adosse d'emblée au diagnostic lyotardien de « forclusion de la source juive » par un Occident hellénisant et se déprend ainsi de tout horizon historique pour faire métapsychologiquement tourner dans un cercle spéculaire un antisémitisme constitutif du psychisme occidental et son envers : la figure anhistorique du signifiant « juif ».
De quoi s'agit-il au juste dans l'usage de ce signifiant « juif » ? De quel Juifs parle Jean-Luc Nancy ? Telle est la question qui lui revient, dès lors qu'il affirme que depuis Hegel, au moins, « la douleur s'aggrave ». Entre les analyses de Hegel et celle d'Adorno, n'y a-t-il eu qu'une intensification de la même douleur ? N'est-il pas temps que les philosophes français accordent une existence historique et historiquement déterminable à ce signifiant « juif » dont ils usent et abusent jusqu'à l'indécence ?
Si Jean-Luc Nancy accorde néanmoins un peu d'attention au problème éventuel posé par l'antisémitisme d'Heidegger, qu'on aurait pu croire entièrement dissout dans l'antisémitisme du psychisme occidental, c'est en tant que cet antisémitisme — privé, puisqu'il est dit n'être pas dans l'œuvre ! — touche quelque limite de la pensée de l'être.
Heidegger aurait pressenti « la menace » que faisait peser sur son œuvre « le rôle structurel » de l'antisémitisme dans « la pensée du destin de l'Occident ». Est-ce à dire que la pensée d'Heidegger est limitée par son antisémitisme ? Ou bien que l'antisémitisme limite sa pensée ?
Dans le premier cas, Heidegger aurait eu la lucidité toute kantienne de connaître sa « limite » tandis que, dans le second cas, il aurait buté sur une borne. Dans les deux cas, l'antisémitisme est l'objet du déni heideggérien, et d'un sur-déni chez Jean-Luc Nancy.
- Oct 27 Mon 2014 00:00
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