法新社的報導:
Soulagement des soutiens de Roman Polanski |
LEMONDE.FR avec AFP | 12.07.10 | 19h01 • Mis à jour le 12.07.10 | 20h53 |
Les soutiens de Roman Polanki en France et en Pologne se sont réjouis de la décision de la Suisse lundi 12 juillet de ne pas extrader le cinéaste franco-polonais vers les Etats-Unis et de lui rendre sa liberté de mouvement, tout en regrettant les dix mois de "perdus" depuis son arrestation. Le cinéaste a adressé un "immense merci" à tous ceux qui l'ont soutenu et déclaré qu'il ne s'exprimera pas publiquement après la décision de la justice suisse de le libérer, selon son avocat, Hervé Temime. "Roman Polanski peut enfin rejoindre la communauté des artistes qui l'ont entouré avec chaleur et respect durant plusieurs mois", s'est félicité le ministre français de la culture, Frédéric Mitterrand. "Voici venu le temps de l'apaisement. Le passé douloureux, la riche personnalité, l'œuvre unanimement admirée de Roman Polanski retrouvent toute leur place", ajoute-t-il. Son collègue aux affaires étrangères Bernard Kouchner a fait part de son "profond soulagement" à son homologue suisse, Micheline Calmy-Rey. Les deux ministres français avaient apporté un soutien appuyé au cinéaste au moment de son arrestation, jugée "absolument épouvantable" par Frédéric Mitterrand. Cet engagement leur avait valu des critiques d'une partie de la classe politique et de la presse françaises et ils avaient dû par la suite modérer leur soutien au cinéaste. SOULAGEMENT EN POLOGNE "Merci la Suisse, bravo la Suisse !" s'est aussi exclamé l'ancien ministre socialiste de la culture Jack Lang, pendant que le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a espéré que Roman Polanski puisse "rapidement se consacrer à nouveau tout entier à son travail de cinéaste". L'écrivain Bernard-Henri Lévy, qui avait été le premier à faire circuler une pétition de soutien au cinéaste franco-polonais, s'est dit "fou de bonheur". "Je viens de lui parler, il est dans le même état d'esprit que les millions de citoyens qui l'ont soutenu, son sentiment c'est que justice lui est rendue", a-t-il confié. Même soulagement en Pologne, où la joie est "toutefois doublée d'un sentiment d'amertume, si l'on songe aux dix mois de vie ôtés à Roman" pour le réalisateur Jacek Bromski, président de l'Association des cinéastes polonais. "Sa détention était illégitime dès le début, tout le monde le savait, et pourtant on laissait jusqu'ici des magistrats de bas niveau décider du sort de cet homme", a-t-il souligné. Selon Andrzej Serdiukow, coproducteur polonais du Pianiste de Roman Polanski couronné par un Oscar, "c'est une grande joie pour tous les amis de Roman, surtout qu'il était vraiment en mauvaise condition morale ces derniers temps". "Cet isolement le tuait. Mais il s'en remettra très vite, c'est quelqu'un de perpétuellement jeune qui regarde toujours vers l'avenir, et non vers le passé", a-t-il déclaré. Dans un communiqué diffusé lundi, le ministère polonais des affaires étrangères s'est déclaré "satisfait", tandis que le ministère américain de la justice a fait savoir qu'il ne faisait "pas de commentaire". |
法國《世界報》的報導:
Roman Polanski à nouveau libre de ses mouvements |
Le Monde | 13.07.10 | 17h07 • Mis à jour le 14.07.10 | 10h30 |
Où est passé Roman Polanski ? Nul ne le sait. Mais il est libre. Et c'est une surprise. Vers midi, lundi 12 juillet, le bracelet électronique que les autorités suisses l'obligeaient à porter depuis son assignation à résidence, en décembre 2009, à Gstaad (Canton de Berne), lui a été retiré. Le cinéaste franco-polonais, 76 ans, aurait quitté le pays à bord d'un avion privé. En fin de soirée, il adressait, par le biais de son avocat Hervé Temime, "un immense merci" à tous ceux qui l'ont soutenu. La délivrance, pour Polanski, est venue d'Eveline Widmer-Schlumpf, chef du département fédéral de justice et de police, qui a annoncé, lors d'une conférence de presse à Berne, lundi 12 juillet à 14 heures, qu'elle rejetait la demande d'extradition de la justice californienne et que le cinéaste était "libre de ses mouvements". Cette décision met fin à une affaire qui embarrasse la Suisse depuis l'arrestation du cinéaste, le 26 septembre 2009, à l'aéroport de Zurich, sur mandat international américain. L'auteur du Bal des vampires (1967) venait assister à un festival de cinéma. Il était en train de mettre la dernière main à son film The Ghost Writer, présenté en février au Festival de Berlin. Il a été incarcéré pendant 68 jours dans un endroit tenu secret, à Zurich, avant de pouvoir gagner Gstaad, le 4 décembre 2009, contre le versement d'une caution de 4,5 millions de francs suisses (plus de 3 millions d'euros). Interrogé par Le Monde, Georges Kiejman, autre avocat de Polanski, se dit "heureusement surpris, car la décision pouvait aller dans un sens ou dans un autre". La justice suisse avance deux raisons. La première est que la justice californienne a refusé de lui communiquer le procès-verbal d'une audition du procureur Roger Gunson, chargé de l'affaire en 1977. Ce juge aurait "assuré" que les 42 jours effectués à la prison de Chino pour une évaluation psychiatrique couvraient la totalité de la peine, selon l'accord passé, le 19 septembre 1977, entre le juge Laurence Rittenband et les parties. Ce dernier, mort en 1993, se serait "assis" sur l'accord, voulant une peine plus lourde. Il aurait ainsi provoqué la fuite de Polanski des Etats-Unis pour la France, à la veille de l'audience du 1er février 1978, qui devait déterminer sa peine. Devant l'impossibilité de vérifier ce scénario, la Suisse estime que la demande d'extradition "souffre d'un vice grave" et doit donc "être rejetée". Polanski lui-même a repris cet argument lors de son unique déclaration depuis Gstaad, le 2 mai, relayée par Laregledujeu.org, le site de Bernard-Henri Lévy : "J'ai été trahi par le juge. Le juge s'est parjuré et j'ai exécuté ma peine." Dans son documentaire sur Polanski, Wanted and Desired (2008), Marina Zenovich faisait déjà témoigner le juge Gunson. Interrogée par Le Monde alors qu'elle était en salle de montage, où elle termine le deuxième volet de ce travail sur l'affaire Polanski, Marina Zenovich préfère ne pas commenter le dernier épisode de cette affaire. Mais elle revient de Suisse où elle a interrogé les protagonistes helvétiques, et elle affirme : "Eveline Widmer-Schlumpf a fait preuve de courage face à une décision difficile." Le deuxième argument de la justice suisse est que Polanski s'est rendu "en toute confiance" dans ce pays, où il résidait régulièrement depuis l'achat de son chalet, en 2006. L'extrader dans ce contexte, c'était contrevenir au droit public national et international. "L'argument est cocasse, commente Georges Kiejman. Car tout cela ne serait pas arrivé si la Suisse n'avait pas arrêté Roman !" D'autres facteurs ont pu jouer dans la décision suisse. Le fait que la victime, Samantha Geimer, avait demandé l'abandon des poursuites en octobre 2009 - "Polanski n'a pas été traité de manière juste", a même dit l'avocat de Mme Geimer. Un rapport effectué en prison affirme qu'il n'y a pas de déviances sexuelles chez Polanski. La documentariste Marina Zenovich a mis au jour d'autres vices de forme lors de l'instruction, en 1977, et elle a stigmatisé l'attitude du juge Rittenband, surnommé "le Marteau" pour sa sévérité. Après l'arrestation de Polanski le 26 septembre 2009, les opinions s'affrontèrent. Parmi les pro-Polanski figuraient de nombreux cinéastes, dont Martin Scorsese, Woody Allen, David Lynch, Jean-Luc Godard. Mais aussi l'écrivain Milan Kundera qui écrivait dans une tribune au Monde, le 7 mai : "Sans le connaître personnellement, je ne pense, dans les huit derniers mois, à personne d'autre plus qu'à lui." Et puis le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, ou celui des affaires étrangères, Bernard Kouchner qui ont exprimé, lundi 12 juillet, leur soulagement. Quasiment toute la presse américaine, le New York Times en tête, des personnalités comme le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, avaient, eux, estimé que Polanski devait être extradé et jugé, rappelant les faits dans leur crudité, et appelé à l'égalité devant la justice quels que soient la notoriété ou le talent. En dépit de la décision suisse, Polanski, qui a fui la Californie en 1978 à la veille de l'audience qui devait finaliser sa sentence, reste un fugitif aux yeux de la justice américaine. A Washington, un porte-parole du ministère de la justice a exprimé sa "déception", d'autant que les Etats-Unis ne peuvent pas faire appel. "Nous continuerons à chercher justice dans cette affaire et nous allons étudier nos possibilités." Le procureur du comté de Los Angeles, Steve Cooley, qui comptait bien extrader Polanski, essuie donc un revers, et s'est déclaré "profondément déçu" dans un communiqué, qui prend soin de détailler à nouveau les six chefs d'inculpation (dont viol, sodomie, perversion, drogues...). Ce procureur élu, qui aspire au poste de secrétaire à la justice de Californie, n'est pas résigné pour autant, même si certains commentateurs évoquent les dépenses considérables entraînées par la poursuite de ce dossier. "Je doute que Roman Polanski se présente devant le juge américain. Je le vois plutôt reprendre ses activités de cinéaste depuis la France, où il vivait heureux avec sa famille", estime Georges Kiejman. Les tribunaux californiens se refusant à prononcer une sentence en son absence, la seule issue pour le cinéaste serait l'annulation de la procédure ouverte en 1977. Les avocats américains de Polanski, contactés par Le Monde, n'ont pas voulu s'exprimer sur les chances de leur appel en cours. L'éditorialiste du Los Angeles Times, Steve Lopez, estime que le cinéaste s'en tire à bon compte. |
Les dates-clés de l'affaire10 mars 1977. Le cinéaste Roman Polanski, 43 ans, a une relation sexuelle avec Samantha Geimer, 13 ans, chez l'acteur Jack Nicholson, à Los Angeles (Californie). 15 avril 1977. La famille de l'adolescente dépose plainte. Six chefs d'inculpation sont retenus (viol, sodomie, perversion, fourniture de drogues...). Polanski plaide non coupable. 8 août 1977. Pour éviter un procès public, un accord amiable est conclu, et la seule accusation de détournement de mineure est retenue. Le juge exige une évaluation psychiatrique de quatre-vingt-dix jours, dans une prison, avant de prononcer la peine. 17 décembre 1977. Incarcéré à la prison de Chino, en Californie, Polanski est libéré après un mois et demi avec une expertise favorable. 31 janvier 1978. Ayant appris qu'il risquait cinquante ans de prison aux Etats-Unis, le réalisateur se réfugie à Paris. Il tourne plusieurs films et se déplace dans de nombreux pays, dont la Suisse. 24 février 1978. La justice américaine refuse de rendre un verdict en son absence. 23 août 1994. Le procureur chargé du dossier exige la présence de Polanski devant la cour. Une nouvelle législation fixe le maximum de la peine à quatre ans. Le cinéaste avait mis un terme au procès civil en donnant 225 000 dollars à sa victime. Octobre 1997. Ses avocats américains tentent en vain de négocier son retour et de faire classer la plainte. 1er mars 2003. Samantha Geimer lui "pardonne" publiquement, mais répète qu'il y a eu viol. 23 mars 2003. Oscar du meilleur réalisateur pour Le Pianiste, il n'assiste pas à la cérémonie. 3 décembre 2008. Ses avocats américains demandent l'abandon des poursuites, affirmant disposer de preuves montrant l'iniquité de la procédure pénale. 7 mai 2009. Constatant l'absence du cinéaste, le juge Peter Espinoza refuse la requête de relaxe. 10 juillet 2009. Les avocats de Polanski font appel pour vices de procédure et atteintes aux droits constitutionnels du prévenu. 26 septembre 2009. Polanski est arrêté à Zurich, les Etats-Unis demandent son extradition. Il est incarcéré. Il refuse d'être extradé. 26 octobre 2009. La victime de Polanski réclame l'abandon des poursuites. 4 décembre 2009. Polanski est assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, en Suisse. 21 décembre 2009. Un tribunal d'appel refuse de classer la plainte mais suggère une sentence en son absence. La justice américaine refuse l'abandon des poursuites. 22 janvier 2010. Le juge Peter Espinoza rejette la requête de jugement en son absence. 12 juillet 2010. Les autorités suisses rejettent la demande d'extradition américaine. Polanski est libre de ses mouvements. |
Michel Guerrin et Claudine Mulard (à Los Angeles) |
Article paru dans l'édition du 14.07.10 |
法國《世界報》電子報的報導:
"Polanski reste, quelque part, un fugitif" |
LEMONDE.FR | 13.07.10 | 17h48 • Mis à jour le 13.07.10 | 19h08 |
La Suisse a refusé, lundi 12 juillet, d'extrader Roman Polanski vers les Etats-Unis. Si la justice américaine ne peut pas faire appel de cette décision, elle ne donne pas pour autant l'impression de vouloir abandonner les poursuites à l'encontre du cinéaste. "Nous sommes déçus, a réagi lundi le porte-parole du département d'Etat. Nous continuerons à chercher justice dans cette affaire et nous allons étudier nos possibilités." Roman Polanski est libre mais il n'est pas blanchi. Il peut être à nouveau arrêté et extradé : le mandat d'arrêt international lancé à son encontre par Interpol à la demande des Etats-Unis en 2005 court toujours. Seuls les Américains peuvent en demander le retrait. "S'il se rend en Allemagne, en Angleterre ou dans n'importe quel pays lié avec les Etats-Unis par une convention d'extradition, il prend le risque d'être arrêté", explique Me Bernard Schaming, avocat au barreau de Paris. Une convention d'extradition est en effet un accord entre un ou plusieurs pays engageant les signataires à appliquer les mandats d'arrêts internationaux. "Il reste, quelque part, un fugitif", résume l'avocat. LE CINÉASTE EST PROTÉGÉ EN FRANCE S'il est à nouveau arrêté, il n'est pas sûr que le réalisateur échappe une deuxième fois à une procédure d'extradition. Mais le risque est moins grand que celui d'affronter la justice américaine. "Polanski sait que s'il se présente face à la justice aux Etats-Unis, il a de fortes chances de se retrouver en prison, présume Me Bernard Schaming. Il pr |