加拿大魁北克學生運動
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Fronde étudiante au Québec : la ministre de l'éducation démissionne |
Le Monde.fr | 17.05.2012 à 07h30 • Mis à jour le 17.05.2012 à 07h30 |
Après trois mois d'un conflit estudiantin sans précédent, la ministre de l'éducation du Québec, Line Beauchamp, a annoncé sa démission lundi 14 mai. La fronde a été provoquée par l'annonce de la hausse de 82 % des frais de scolarité sur sept ans. Line Beauchamp a pris cette décision à la suite du rejet par les étudiants d'une proposition du gouvernement provincial pour sortir de la crise, affirmant avoir perdu confiance dans la volonté des dirigeants étudiants de trouver une solution. Visiblement émue, la ministre a annoncé sa démission lors d'un point de presse retransmis en direct à la télévision : "Je ne démissionne pas devant l'intimidation. Je ne cède pas devant le vandalisme, devant la désobéissance civile (...). Je démissionne parce que j'estime que je ne fais plus partie de la solution". UN "CHOIX PERSONNEL" La ministre, qui abandonne également son mandat de députée libérale, a tenté d'expliquer sa décision : "Personnellement, à titre de ministre de l'éducation, je n'ai jamais réussi à leur faire faire un compromis. Alors moi, personnellement, j'ai fait l'ultime compromis que je puisse faire, je cède la place". Le premier ministre québécois, Jean Charest, qui était à ses côtés au moment de l'annonce, a insisté sur le "choix personnel" de sa ministre et lui a rendu hommage. >> Portfolio "'Printemps érable' : retour sur trois mois de grève étudiante au Québec" |
Au Québec, une université accessible à tous |
LE MONDE | 15.05.2012 à 15h40 • Mis à jour le 15.05.2012 à 15h40 |
La gauche québécoise est très largement en faveur du gel des droits de scolarité, sinon de leur abrogation pure et simple. Les droits de scolarité au Québec sont bas (dans le contexte nord-américain) et uniformes. Certes, la hausse souhaitée par le gouvernement est importante, mais les droits de scolarité demeureront plus bas au Québec que partout ailleurs au Canada. Or, s'il y a aujourd'hui un débat gauche-droite au Québec sur ce thème, on peut s'étonner de constater la quasi-absence de tout débat à gauche sur les vertus des différents modèles de financement des études universitaires. Plutôt que de chercher à déterminer si le mouvement étudiant est le fer de lance d'une contestation sociale plus large, je voudrais défendre un point de vue selon lequel la hausse des droits de scolarité, accompagnée par les mesures consenties par le gouvernement, représente un gain réel pour la social-démocratie québécoise. Il faut, pour cela, distinguer la politique gouvernementale sur les droits de scolarité de la gestion, franchement déplorable, de la crise par le gouvernement québécois. Un des défis de l'université contemporaine est de garantir l'accessibilité la plus large possible tout en visant l'excellence sur le plan de la recherche et de l'enseignement. Certes la hausse des droits de scolarité permet d'accroître le financement des universités. Mais elle risque également de restreindre l'accès de celles-ci pour les étudiants des classes moins aisées. Le gouvernement a, dès le départ, annoncé que les étudiants les plus vulnérables face à la hausse ne s'en trouveraient pas affectés. Les bourses auxquelles ils ont droit seront majorées pour couvrir la totalité de l'augmentation. Les principales victimes de la hausse seront donc les étudiants de la classe moyenne inférieure qui, sans être riches, ne sont pas éligibles à des bourses en raison d'un revenu familial tout juste trop élevé pour qu'ils puissent y avoir droit. La hausse de la scolarité devrait se traduire, pour eux, par un endettement personnel plus élevé. Un des premiers gestes faits par le gouvernement pour tenter de résoudre la crise a été de proposer l'incorporation d'un mécanisme de remboursement des prêts étudiants proportionnel aux revenus (RPR). Le RPR fait en sorte que les étudiants ne remboursent une partie des coûts de leurs études qu'après avoir obtenu leur diplôme et ce, de façon proportionnelle à leurs revenus. Ce modèle encourage l'accessibilité : il n'y a aucun frais à payer pendant le temps des études et ceux qui craignent de s'endetter peuvent s'en remettre au RPR. Les autres bonifications pertinentes ici sont l'augmentation des bourses pour les étudiants issus des milieux plus modestes, ainsi que le relèvement du seuil de revenus maximal pour être éligible à des bourses. Disons, pour résumer, que la nouvelle proposition fait en sorte que les étudiants les plus vulnérables auront droit à des bourses plus généreuses ; et ceux qui sont issus de la classe moyenne inférieure pourront dorénavant les obtenir. En contrepartie, les étudiants des classes plus fortunées devront porter le poids de cette hausse. La gauche parle constamment de " faire payer les riches ". La nouvelle politique est une façon intelligente et ciblée de le faire. Le statu quo ante favorisait largement les plus favorisés : l'Etat subventionnait fortement, d'une main, le bien précieux que sont les études de leurs enfants et leur accordait, de l'autre, un abattement fiscal pour les études universitaires. Le nouveau régime proposé sera financé en partie par une diminution de cet abattement. On pourrait parfaitement répondre que ces mesures ne font que pallier les vices d'un modèle répondant à une logique "néolibérale" de "marchandisation" de l'université. Les études universitaires devraient être considérées comme un bien public devant être financé par l'ensemble des citoyens par la fiscalité générale. Celles-ci en effet profitent à tous, y compris à ceux qui ne fréquentent pas l'université. C'est pourquoi l'Etat ne doit pas se désengager. Mais comme ceux qui ont un diplôme universitaire en poche gagneront, en moyenne, beaucoup plus que ceux qui n'en ont pas, il ne semble pas déraisonnable de leur demander d'assurer une partie des coûts de leurs études. Cela est d'autant plus vrai dans le contexte du Québec où l'état des finances publiques est précaire. En France, le Parti socialiste le sait bien, l'un des défis que la gauche se doit de relever consiste à défendre les principes de justice sociale tout en faisant preuve d'imagination et en évitant tout dogmatisme quant aux moyens pour les mettre en pratique. Même si la plupart des étudiants demeurent insatisfaits, les progressistes québécois leur doivent une fière chandelle : la fiscalité québécoise sera dorénavant plus progressive. Voilà qui n'est pas particulièrement lyrique, mais qui constitue bel et bien un acquis réel pour la social-démocratie québécoise. Lire également la tribune de Jean Barbe. |
Par Jocelyn Maclure, professeur de philosophie à l'université Laval, au Québec |
Enfin une révolution sociale dans la Belle Province |
LE MONDE | 15.05.2012 à 15h40 • Mis à jour le 15.05.2012 à 15h40 |
Depuis quatorze semaines, plus du tiers des étudiants du Québec sont en grève et manifestent par milliers, paralysant les rues de Montréal tandis que klaxonnent les automobilistes coincés dans leur voiture et que des citoyens du haut de leurs balcons agitent le fameux carré rouge, symbole du mouvement. L'augmentation de 75 % des frais de scolarité sur cinq ans ne passe tout simplement pas. Le gouvernement du Québec, dirigé par le premier ministre Jean Charest, ne s'attendait pas à une telle résistance. Il croyait rééditer son coup de 2005, date de la précédente grève étudiante, et semer la discorde entre les associations étudiantes pour réussir à écarter des négociations la plus revendicatrice d'entre elles, la Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (la Classe), et s'entendre avec les deux autres. Mais cette stratégie a fait long feu. Des Québécois de toutes allégeances et de tous les milieux se sont levés pour appuyer les étudiants tandis que d'autres, soupçonneux de cette élite en devenir, réclament un rapide retour en classe. Depuis, la situation pourrit. Le gouvernement formé par le Parti libéral, dont l'histoire récente a été entachée de soupçons de malversation, de corruption et de complaisance envers de grandes entreprises étrangères (à qui l'on s'apprête à brader les ressources minières et forestières du Grand Nord québécois dans le cadre du "Plan Nord" engagé par le premier ministre), voyait, depuis des mois, les sondages montrer un taux d'insatisfaction à son égard dépassant les 70 %. Assuré de perdre les prochaines élections, prévues avant la fin 2013, il a sauté sur l'occasion pour tâcher de se relancer en faisant preuve d'une fermeté qu'on ne lui connaissait pas et en réprimant le mouvement de manière musclée. Le premier ministre a refusé pendant dix semaines de négocier avec ceux qu'il appelle des "enfants rois" ne voulant pas payer leur "juste part". Puis, à la onzième semaine du conflit, il a convoqué les leaders étudiants pour concocter un plan de sauvetage. Mais ses offres ont été massivement rejetées par les assemblées générales étudiantes, à hauteur de 80 % de leurs membres. Ce sont maintenant les tribunaux qui se chargent de mettre de l'ordre. En apparence, du moins, puisque certains réclament auprès des juges des injonctions personnelles ordonnant aux directions des collèges et facultés d'offrir les cours auxquels ces étudiants "ont droit", tandis que d'autres continuent de faire grève et les empêchent d'entrer. Droit individuel contre droits collectifs. Ces injonctions prévoient de fortes amendes aux contrevenants et même des peines de prison. C'est donc escortés de policiers que certains étudiants se rendent à leurs cours, devant des professeurs médusés et contraints d'enseigner la démocratie à ceux qui la nient. Pendant ce temps, les fractions les plus radicales du mouvement étudiant s'impatientent et commettent des actes qui les isolent. Quatre bombes fumigènes placées dans le métro ont paralysé la circulation à Montréal pendant deux heures le 10 mai. Tout de suite, de manière quasi miraculeuse, des photos de suspects ont été diffusées par la police et relayées par la presse. Des accusations de méfaits et de simulation d'acte de terrorisme seront déposées contre eux. Terrorisme. Le mot est lâché. Ce n'est pas rien. Comme disait Robert Charlebois : " A soir, on fait peur au monde !" Déjà, au début du conflit, le gouvernement libéral avait tenté de discréditer le mouvement de grève en parlant de boycott. Jamais, dans toute l'histoire du Québec, cela ne s'était produit. Jamais on n'avait remis en question la légitimité des assemblées générales étudiantes. Jamais on n'avait voulu briser le lien qui unit les étudiants et les étudiantes d'un même collège, d'une même université, et cet exercice démocratique qui en est l'expression. C'est cette négation de la démocratie étudiante qui a envenimé un conflit qui s'étend maintenant bien au-delà de la stricte augmentation des frais de scolarité. Car il apparaît qu'au Québec, la démocratie n'appartient qu'à ceux qui détiennent le pouvoir, et pas à ceux qui le contestent. Ainsi ceux et celles qui refusent de livrer le Québec à la rapacité néolibérale ont joint leurs voix à celle des étudiants. Même des manifestations d'ampleur historique ne sont pas parvenues à ébranler le gouvernement, qui tentera bientôt de se poser en "sauveur de l'ordre" en maîtrisant, par la force s'il le faut, ce chaos social dont il est en grande partie responsable. Et voilà le Québec déchiré en deux. Nous en avions l'habitude, depuis près de quarante ans. Mais cette déchirure avait plutôt pour cause ce qu'il est convenu d'appeler "la question nationale ", entre défenseurs de l'unité canadienne et partisans de l'indépendance du Québec. Ce débat nous a fait oublier que nous pouvions nous battre pour autre chose. C'est que le Québec n'a jamais vécu de véritable révolution. Il en avait fait l'économie. Au Québec, semblait suffire une "révolution tranquille", comme on en est venu à désigner la période de modernisation accélérée qu'a connue la Province au cours des années 1960. Elle aurait suffi, si nous étions allés au bout de nos idées. La gratuité scolaire était d'ailleurs l'un des principaux objectifs affichés. Mais ces idées ont été détournées. De l'éducation gratuite à la nationalisation de nos ressources naturelles, de ce filet de protection sociale à cette volonté d'égalité des chances, les Québécois ont vu les adeptes du néolibéralisme lentement mais sûrement désosser ce projet jusqu'à ce qu'il ne ressemble plus qu'à ces fameuses "enveloppes brunes " employées pour distribuer des pots-de-vin, comme le laissent entendre de récents scandales qui lieraient le secteur du bâtiment au Parti libéral. La grève étudiante se réglera, d'une manière ou d'une autre, sans doute au détriment de ceux qui se sont le plus investis dans ce mouvement historique. Mais même si les étudiants retournent bientôt en classe, ils auront suffisamment secoué le cocotier québécois pour que, dans les années à venir, les choses ne soient plus tout à fait pareilles. Des politiques injustes n'en restent pas moins injustes parce que les gens "en ont assez". La colère s'est implantée dans de nombreux coeurs. Les étudiants, les médias, les responsables politiques, les voisins, les frères et les soeurs, tous ont dû prendre parti et afficher leurs couleurs. Voilà qui ne s'oubliera pas de sitôt. Les Québécois s'impatientent et réclament de pouvoir de nouveau discuter collectivement de leur avenir et de leurs valeurs, qui ne sont peut-être pas exactement celles du libre marché. Ça risque de brasser ! Lire aussi la tribune de Jocelyn Maclure. |
Par Jean Barbe, écrivain, éditeur et journaliste chroniqueur. |
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