Manifestation estudiantine au Québec après l'annonce d'une loi spéciale |
Le Monde.fr avec AFP | 17.05.2012 à 07h43 • Mis à jour le 17.05.2012 à 07h43 |
Quelques incidents violents ont émaillé une manifestation de quelques milliers d'étudiants, mercredi 17 mai au soir, à Montréal. Ils entendaient protester contre un projet de loi annoncé plus tôt dans la journée par le gouvernement, qui souhaite mettre fin à un conflit sur les frais de scolarité en cours depuis quatorze semaines. La police a déclaré la manifestation illégale et a demandé aux marcheurs de se disperser peu de temps après que les vitres des devantures de trois grandes banques ont été fracassées, dans le centre-ville, et que des projectiles ont été lancés tant sur les agents des forces de l'ordre que sur les marcheurs. Nombre de manifestants ont cependant copieusement hué ceux qui se sont livrés à ces actes. Les policiers ont chargé la foule et utilisé des engins assourdissants pour inciter les manifestants à se disperser. Selon la police, vers minuit, aucune interpellation n'était signalée. INTERDICTION DES BLOCAGES Une manifestation similaire s'est déroulée mercredi soir à Québec, où le gouvernement provincial venait d'annoncer sa future loi, sans en donner le détail ni annoncer la date exacte à laquelle il en fera la proposition au Parlement. Ce projet prévoit la suspension des cours jusqu'au mois d'août dans les établissements en grève et des mesures devant assurer le libre accès aux cours maintenus de tous les étudiants qui le souhaitent. Autrement dit, les piquets de grève qui bloquaient les entrées des établissements devraient être interdits. "Il est temps que le calme revienne (...), la situation actuelle a duré trop longtemps", a déclaré le premier ministre du Québec, Jean Charest, condamnant ce conflit, le plus long de l'histoire du Canada. La hausse des droits de scolarité est contestée par les étudiants, mais soutenue fermement par le gouvernement. Les organisations estudiantines, à qui M. Charest reproche leur inflexibilité, ont accueilli avec amertume sa déclaration et le refus apparent du gouvernement de reprendre les négociations. "S'il veut que notre grève continue jusqu'à l'automne, on va continuer jusqu'à l'automne", a déclaré aux manifestants le porte-parole de la plus radicale de ces organisations, la Classe, Gabriel Nadeau-Dubois, à Québec. |
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Les autorités du Québec veulent restreindre le droit de manifester |
Le Monde.fr avec AFP | 21.05.2012 à 07h08 • Mis à jour le 21.05.2012 à 07h08 |
Le projet de loi spéciale déposé jeudi 17 mai au soir par le gouvernement québécois pour briser le mouvement de grève des étudiants, qui prévoit une forte restriction du droit de manifester, a été reçu comme une douche froide par les étudiants et l'opposition. Le texte instaure notamment toute une série d'amendes pour les organisateurs de piquets de grève, allant de 1 000 à 125 000 dollars (de 777 euros à 97 000 euros). Un individu seul, par exemple, encourrait une amende de 1 000 à 5 000 dollars. Une association d'étudiants qui organiserait un tel rassemblement ou lancerait le mot d'ordre de bloquer l'accès à une université risquerait, elle, de devoir payer de 25 000 à 125 000 dollars, le double en cas de récidive. Le projet de loi prévoit également que les organisateurs de manifestations déclarent aux autorités, au moins huit heures avant le départ, la date, l'heure, la durée, le lieu et l'itinéraire du cortège. Enfin, le texte définit les conditions de la suspension du semestre en cours jusqu'à la mi-août dans les établissements en grève. "UNE LOI PIRE QUE L'AUGMENTATION DES FRAIS" Les représentants étudiants sont apparus choqués, en colère, après lecture du projet de loi. "Cette loi est, et de loin, pire que l'augmentation des droits de scolarité pour les étudiants", selon Léo Bureau-Blouin, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), annonçant aussitôt que des "services juridiques et une multitude d'avocats" se penchaient sur le dossier pour tenter de remettre en cause le texte. La présidente de l'opposition officielle et dirigeante du Parti québécois, Pauline Marois, a fait la même analyse. Elle a parlé d'une "loi ignoble", "une violation grave des droits fondamentaux", "une attaque frontale contre les associations étudiantes" et demandé au gouvernement de retirer son projet de loi. Pendant que les députés discutaient le projet de loi à l'assemblée nationale, des milliers de manifestants défilaient, pour la quatorzième soirée consécutive à Montréal et à Québec pour s'opposer à la hausse de 82 % des frais de scolarité sur 7 ans. A Québec, une fausse alerte à la bombe a fait évacuer le public et les journalistes du bâtiment de l'Assemblée nationale, mais les députés ont pu continuer leurs travaux sans être dérangés. |
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Plus de 300 arrestations lors de la 27e manifestation nocturne à Montréal |
Le Monde.fr avec AFP | 21.05.2012 à 16h32 • Mis à jour le 21.05.2012 à 16h32 |
Une nouvelle soirée de manifestations émaillée de scènes de violence a conduit à l'arrestation de plus de trois cents personnes à Montréal et a fait dix blessés, selon les autorités. Un homme d'une quarantaine d'années a été sérieusement blessé à la tête lors de son arrestation dans un square du centre de la ville. Ses jours ne sont pas en danger. Parmi les autres blessés légers, figurent quatre policiers. Au total, au moins trois cent cinq personnes ont été interpellées au cours de la nuit. La manifestation a été déclarée "illégale" par les forces de l'ordre dix minutes après le départ, l'itinéraire n'ayant pas été communiqué à la police, contrairement à ce que prévoit la "loi spéciale" votée vendredi, qui a ravivé les tensions entre étudiants et autorités. Les forces de l'ordre n'ont pas chiffré le nombre de manifestants, mais les médias locaux parlaient de plusieurs milliers de personnes au départ puis de quelques centaines aux alentours de 23 heures, heure locale (5 heures, heure française). "CHAOS INDESCRIPTIBLE" Sur le parcours, des vitrines de magasin ont été cassées. Il s'agit notamment de la devanture d'une épicerie Couche tard, selon le quotidien La Presse, qui explique que les manifestants ont jugé l'enseigne trop "antisyndicale", en référence à de récents conflits sociaux. Une borne d'incendie a également été ouverte, reliée directement à la porte d'un commerce du centre-ville, qui aurait été inondé, selon la police. Après des arrestations de masse aux alentours de 22 heures, heure locale (4 heures, heure française), les manifestants se sont scindés en multiples petits groupes, créant un "chaos indescriptible" dans le centre de Montréal, selon les médias locaux. |
Premières arrestations au Québec après le passage de la loi spéciale |
Le Monde.fr avec AFP | 22.05.2012 à 17h35 • Mis à jour le 22.05.2012 à 17h35 |
Trente-six contestataires, pour la plupart des étudiants, ont été les premières personnes arrêtées en vertu de la loi spéciale limitant la liberté de manifester au Québec, dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé la police. Un porte-parole de la police de Sherbrooke, dans le sud de la province canadienne, a indiqué qu'ils risquent "entre 1 000 et 5 000 dollars" d'amende. "Dès le départ, nous n'avons eu aucune collaboration des participants, aucun responsable n'était sur place, aucun trajet ne nous a été remis", a précisé ce responsable à propos de la centaine de participants réunis dans le centre-ville. "Vers 21 h 30 [3 h 30 heure française, mardi], nous avons avisé les contestataires que leur manifestation était déclarée illégale". RESTRICTIONS À LA LIBERTÉ DE MANIFESTER La loi spéciale votée vendredi à l'initiative du gouvernement libéral de Jean Charest impose de fortes restrictions à la liberté de manifester, et requiert notamment que le trajet de toute manifestation de plus de 50 personnes soit déclaré à l'avance à la police. L'un des trois syndicats étudiants en grève, la Classe, a d'ores et déjà refusé de s'y soumettre. Le mouvement de protestation contre la hausse des frais universitaires atteint mardi son centième jour. Les étudiants grévistes s'opposent désormais à la fois à une hausse de 82 % des frais universitaires, qui les porterait aux alentours de 4 000 dollars par an (plus près de la moyenne nord-américaine), et à cette loi spéciale qu'ils comptent contester devant les tribunaux au nom des libertés constitutionnelles. |
Marée humaine à Montréal en soutien au conflit étudiant |
Le Monde.fr avec AFP | 23.05.2012 à 08h40 • Mis à jour le 23.05.2012 à 08h40 |
Des dizaines de milliers de personnes se sont réunies mardi 22 mai au centre de Montréal pour marquer le centième jour du conflit étudiant au Québec. Rassemblés dans une atmosphère bon-enfant, les manifestants - des étudiants et des syndicalistes mais aussi des gens de tous les horizons et de tous les âges - ont dénoncé la loi spéciale adoptée vendredi dernier par le gouvernement du premier ministre Jean Charest pour restreindre le droit de manifester. "On déplore que le gouvernement Charest ait choisi la voie de la répression plutôt que la voie de la négociation", a déclaré l'un des dirigeants étudiants, Léo Bureau-Blouin. Lire les témoignages : Le gouvernement est allé trop loin "Pour s'assurer que les gens puissent manifester en toute légalité [...], on a donné un trajet [à la police] qu'on va demander aux gens qui nous suivent de respecter pour permettre aux citoyens de manifester en toute sécurité", a ajouté M. Bureau-Blouin. Un groupe n'a pas respecté cet itinéraire et a provoqué quelques incidents lors desquels trois vitrines de magasins ont été brisées à coups de projectiles. Le groupe a été déclaré illégal et invité à se disperser, mais la police a indiqué n'avoir opéré aucune arrestation. LEVÉE DE BOUCLIERS La loi spéciale prévoit une suspension des cours jusqu'au mois d'août dans les universités et collèges touchés par la grève étudiante, une façon de casser un mouvement qui dure depuis plus de trois mois. Si la suspension des cours a été plutôt bien accueillie au sein de la population, le reste de cette loi d'exception, notamment la restriction du droit de manifester pour quelque raison que ce soit a suscité une levée de boucliers. La loi oblige notamment les organisateurs de manifestations de plus de 50 personnes à soumettre à la police, au moins huit heures à l'avance, la trajectoire du rassemblement, au risque de lourdes amendes pour les contrevenants. Les amendes peuvent aller de 1 000 à 5 000 dollars par jour pour les contrevenants et de 25 000 à 125 000 dollars pour les organisations (le double en cas de récidive). Dès son adoption, la loi a été défiée ce week-end à Montréal et dans d'autres villes de la province, donnant une tournure plus politique et violente aux manifestations, qui ont été ponctuées de centaines d'arrestations. Quelque 36 manifestants, pour la plupart des étudiants, sont ainsi devenus les premières personnes arrêtées en vertu de la loi, dans la nuit de lundi à mardi à Sherbrooke (sud du Québec), a annoncé la police. UNE MAJORITÉ DE LA POPULATION CRITIQUE "Se lancer de manière précipitée dans le contrôle du droit de manifester, c'était la très mauvaise idée d'un groupe de ministres au sentiment d'assiégés", écrivait lundi un commentateur du quotidien La Presse, favorable à la hausse des droits de scolarité, sujet à l'origine du conflit. "On ne manifeste en effet plus tellement contre la hausse des droits de scolarité. On manifeste pour la liberté d'expression. On manifeste pour le droit de manifester", poursuivait le journaliste Yves Boisvert. Un sondage publié mardi par le quotidien Le Journal de Montréal montre que si 51 % de la population est d'accord avec la hausse des droits de scolarité, 53 % estime en revanche que la loi d'exception "est beaucoup trop sévère" et 73 % qu'elle ne contribuera pas au rétablissement de la paix sociale. La majorité appelle à une reprise du dialogue entre le gouvernement et les étudiants. |
Au Québec, le conflit étudiant s'étend et se radicalise |
LE MONDE | 24.05.2012 à 15h19 • Mis à jour le 24.05.2012 à 15h19 |
Une marée humaine a répondu, à Montréal, au premier ministre québécois, Jean Charest. Quatre jours après l'adoption d'une loi censée briser un mouvement de protestation contre une hausse de frais de scolarité dans l'enseignement supérieur, le cortège s'est déplacé, mardi 22 mai, du quartier des spectacles à celui des affaires, sur de grandes artères, provoquant des bouchons à la sortie des bureaux. Couleur dominante: le rouge, en petits carrés de tissu épinglés sur un vêtement, en turbans, nez de clown ou banderoles, car il est devenu le symbole de cette lutte. Sur les pancartes, on pouvait lire ce détournement d'une chanson de Gilles Vigneault: "Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est la répression..." ou une phrase prononcée par François Mitterrand en mai 1968 : "Si la jeunesse n'a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort!" Au centième jour de la grève contre l'augmentation en cinq ans de 75 % des droits de scolarité à l'université, cette manifestation (la deuxième en importance sur les 230 organisées dont 29 nocturnes, y compris au soir du 22 mai) a pris des allures de combat contre l'autoritarisme et le néolibéralisme incarnés, selon certains, par M. Charest. Adoptée le 18 mai, la loi suspend en effet jusqu'en août les sessions dans les collèges et universités touchés par la grève et limite le droit de manifester en imposant des amendes faramineuses aux contrevenants, individus et associations. Ce dispositif d'exception a fait l'effet d'une douche froide sur les étudiants. Il a été vivement condamné par des formations politiques et des responsables sociaux, syndicats en tête, qui y ont vu une atteinte aux droits fondamentaux, comme le droit de grève et de manifestation. "100 JOURS DE GRÈVE, 100 JOURS DE MÉPRIS" C'est donc pour dénoncer cette loi que des dizaines de milliers d'étudiants et adultes de tous âges, dont des professeurs, des artistes et des syndicalistes, ont pris d'assaut le centre-ville de Montréal, répondant à l'appel à manifester sur le thème "100 jours de grève, 100 jours de mépris". Signe supplémentaire de la transformation du conflit étudiant en conflit social et politique, nombreux étaient ceux qui critiquaient sévèrement le gouvernement libéral. Sylvie Bessette, étudiante en design de l'environnement à Montréal, en donnait la mesure: "J'en ai ras-le-bol d'un système démocratique qui fout le camp." L'un reprochait à M.Charest de "criminaliser le mouvement étudiant"; une autre qu'"il n'a pas choisi le peuple, mais le pouvoir". Une affiche clamait : "J'étudie pour traduire, pas pour être traduite en justice." A la tribune, Céline Hequet, étudiante en sociologie et membre de la Classe, organisation étudiante la plus radicale, était claire : "On ne se bat plus contre les droits de scolarité, mais contre le néolibéralisme et la répression. Nous refusons que notre liberté s'arrête là où celle du marché commence", résumait-elle. Comme en écho, la foule scandera plus tard "Charest dehors. On t'a trouvé une job dans le Nord", référence au projet de développement économique du Plan Nord, cher au premier ministre. SECOND SOUFFLE Avec cette loi spéciale, M.Charest avait fait un pari : casser le mouvement. Il ne semble pas en voie de le gagner. Le plus long conflit étudiant du Canada a plutôt trouvé un second souffle. Mardi, le p
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