周星星我不得不再提起米歇傅柯(Michel FOUCAULT)的經典著作《古典時代瘋狂史》(HISTOIRE de la folie à l'âge classique, 1961)。米歇傅柯把歐洲的從中世紀到古典時代的對付「瘋子」的手段描寫得深刻────簡言之,我們可以瞭解到當時的歐洲人的心思形態其實跟現代人無異(或反過來這樣說:現代人的心思形態其實跟當時的歐洲人無異),也就是對於所謂的「不正常的人」必須「對付」:把他們(不正常的人)趕走/甚至就是驅逐出境……把他們(不正常的人)監禁起來/關起來監視、管理。

中世紀,「瘋子」(les fous)讓人心生恐懼、厭惡,所以米歇傅柯在《古典時代瘋狂史》第一章《瘋人船》(Stultifera navis)提到當時歐洲人以鄰為壑的心思形態:這個城鎮直接把瘋子送上一艘「瘋人船」(stultifera navis),讓瘋人船隨波逐流,漂流到其它的城鎮、其它的國家。

「麻瘋病」(la lèpre)────現在已被正名為『漢生病』────讓人心生恐懼,所以中世紀時歐洲各國廣設麻瘋病院,名之為治療麻瘋病人(les lépreux),實為監禁麻瘋病人。當「麻瘋病」漸漸在十五世紀減少病例後,麻瘋病院收容的麻瘋病人愈來愈少,反而收容的性病病人愈來愈多。當「麻瘋病」漸漸在十五世紀減少病例後,麻瘋病院收容的人既有性病病人,也有不良少年、不良青少年,麻瘋病院轉型成青少年矯正中心。既然麻瘋病院這種建築物太多,自古典時期開始,歐洲各國開始不再驅逐「瘋子」(les fous),轉而監禁「瘋子」。

米歇傅柯的經典著作《古典時代瘋狂史》實在發人深省。米歇傅柯他自己就是死於愛滋病病發,所以米歇傅柯他自己沒能再針對後現代社會寫出一本《後現代的歧視歷史》(HISTOIRE de la discrimination à l'âge postmoderne)。台灣曾經有社區居民舉辦「社區公民投票」決議通過某幾位愛滋病病患不得居住在該社區、決議要把那某幾位愛滋病病患驅逐出該社區,實在是非常地法西斯偉大。

「遊民/街友」不可能趴在鄉下地方吃生稻米、喝灌溉大渠的水,所以只要是大都會、小城鎮,幾乎都會有遊民/街友跟「遊民問題」。「遊民問題」,或一個一個實實在在的遊民/街友,不少人都曾經有過對這些「不正常的人」的厭惡情緒、歧視心理────沒什麼好否認的,也不必刻意裝成是泰瑞莎修女(或皮耶神父)。但是,對於這些所謂的「不正常的人」必須要「對付之」的心態,已遠遠地超過「正常的人」的道德容忍極限:任何某一種對付手段,也就是行使任何某一種暴力,光是「行使任何某一種暴力」這件事就已經讓那些自負地自以為是「正常的人」也已經變成是「不正常的人」。讓我周星星直接說破說這些「不正常的人」為法西斯份子。

把刀子插進某某人的肚子裡,其實應該不難,但是罕見有人為之。同樣的道理:會有哪一個「正常的人」希望不小心被潑尿、被潑糞?或:會有哪一個「正常的人」會向其他人潑尿、潑糞?性質之異已明顯可見:把刀子插進某某人的肚子裡,是為謀殺,因為戕害其他人的生命權;向其他人潑尿、潑糞當然不是謀殺,但就是因為不是謀殺所以才會讓大多數的「正常的人」提出古訓說:「己所不欲,勿施於人。」但「向街友潑糞」該事件恐怕遠比謀殺還更嚴重:既然是謀殺,國家的司法機器自動會追緝犯人,懲罰其戕害其他人的生命權的罪行;但是,「向街友潑糞」該事件在昨日、在今日 ㄅㄧㄚˋ 康,被潑尿、被潑糞的遊民/街友雖說還是被同情的對象,但他們似乎永遠缺乏現身說法的機會,也就是說他們始終既是「居無定所」────法文就是用『沒有固定住所』(sans domicile fixe)來稱呼遊民/街友────,他們也幾乎已經是「生無定權」(sans droits fixes)────沒有確立的權利────的「非公民」(non-citoyen)……;相對於還有「固定住所」────背後代表的是一整個家族力量的支撐────、還有「網路聯通權」的高中學生們,他們正在享受一種「不起訴」(non-lieu)的特權────這種特權讓他們能夠輕易地以「向社會道歉」────但是就是不是向明確的被潑尿、被潑糞的遊民/街友們(他們總應該要有姓名吧?)道歉────的方式扭轉危機。但是,事實上,罪惡已成:遊民之所以是遊民,也就是說遊民之所以是「正常的人」所討厭的遊民,正是因為他們是「正常的人」所難以控制、監視、規訓……更不用說還能夠加以懲罰的人;然後,霸凌、(或)侮辱、(或)殺害這些脫離正常體制的人,往往又再是不被、(或)很難追究的「過去式過去事」,這導致「『正常的人』霸凌『遊民』」的事件/暴力事件往往就變成「不正常」的「不起訴」(non-lieu)。說白話就是:體制內的公民光是在面對這些脫離正常體制的人的時候就已經立於不敗之地,因為法西斯主義以一種「無所謂」的病態去虐待他人(le sadisme),建立起足以虐待他人(sadique)的優越感;當「『正常的人』霸凌『遊民』」的事件/暴力事件往往就這樣大事化小、小事化無,我們────我們指的是我們很多人、媒體、政府(國家機器)跟網路社群────依舊沒能夠建立出一套互助、和諧並且是正義的的社會尊嚴。


原發表日期:二○一二年五月十二號

學生向街友潑屎取樂   網友「糞」怒   強恕中學「潑屎雙煞」   連兩天撒野   當作拍廣告 PO 網   街友氣炸   網友撻伐   學校:這次真的太過分了
2012-05-12 01:03 中國時報 【林佩怡/台北報導】

台北市強恕中學兩名自稱「潑屎雙煞」的高三男生,五月一日晚間在西門町向街友潑糞和潑尿,還嗆聲「來揍我啊」;街友氣得大罵髒話,卻慘遭再次潑尿,全程都被同夥男同學拍下,上傳臉書後引起網友一陣撻伐。

強恕中學曾姓、陳姓兩男同學,五月一日晚上在西門町附近朝躺在地上或椅子上的街友潑糞和潑尿;還有一名男同學負責掌鏡,把過程錄下來,影片取名為《出任務》,甚至留言說「以前補習班老師也說,這樣刺激他們,可以幫助他們努力脫離遊民生活。」

三名學生隔天再到捷運西門町附近潑糞,並對兒童說「小朋友不要學喔,千萬不可以!」隨即用紙杯裝著糞便,朝躺在路邊椅子上的街友潑灑,「犯案」完後立刻逃跑,還偷拍街友的反應;街友看著滿身糞便一臉茫然,學生卻對著街友大喊「怎麼會這樣?」

學生對街友潑屎、潑尿前,還模仿廣告語說「保力達讓你精力充沛,不讓你睡。」對正在睡覺的街友潑尿後立刻逃跑,街友氣得追出來連飆髒話,還質問說「我有惹到你嗎?」學生叫囂說「來揍我啊」;街友準備清潔身上排泄物時,卻再次慘遭學生潑尿。

三名學生甚至拿著「泡泡槍」對準路旁的老人狂噴。網友痛斥,完全不尊重人權,簡直喪盡天良!

得知網友撻伐,某網站出現自稱是潑糞雙煞的學生寫道,「我們只是一時好玩,我們知道錯了,我們快畢業了,請讓我們順利畢業,沒有必要為了一個街友,害死我們三個社會新鮮人啊。」

強恕中學學務主任王福勝看完影片說,「不知道他們到底怎麼了」,學生已嚴重侵犯他人權利,不排除將他們記過處分,也會聯繫學生家長。他強調,這三名學生在學校喜歡打打鬧鬧,也曾被記過,但「這次真的太過分了。」

王福勝說,昨日已聯絡到曾姓、陳姓學生,兩人坦承向街友潑糞,將要求說明為何潑糞?也要讓他們了解,若自己被潑糞有什麼感覺,希望學生設身處地為他人著想。另外,影片上出現紀姓學生的姓名,網友懷疑紀生就是拍攝影片的掌鏡人,但紀生否認參與。
 
〈為什麼要說這些學生是智障?〉 http://blog.yam.com/jostar2/article/33665595  

糞潑街友 PO 網  三高中生挨批「廢物」
【聯合報╱記者陳瑄喻/台北報導】

三名就讀台北市強恕高中的高三學生,連續多日深夜在捷運西門站附近對熟睡的街友潑灑排泄物,甚至倒在頭上,還分六集發表在知名影音網站 YouTube 上。影片曝光後,引發眾怒,網友痛批「廢物」、「沒人性」,要求學生出面道歉。

「一定會懲處,絕對是大過以上!」對於學生離譜行徑,強恕校方震驚且沉痛。該校學務主任王福勝坦言,影片中的學生確是該校學生。昨天三名學生都「恰巧請假」,學校知會家長,涉案學生昨晚被召回學校說明,表示對自己行為後悔。

校方調查,動手潑灑排泄物的學生,分別是高三陳姓及曾姓學生,掌鏡的學生仍在查證中,疑似是同班的紀姓學生,但當事人否認。

三名學生將惡搞街友的影片命名為「出任務」,兩名學生還自稱「潑屎雙煞」。從本月初起,連續數晚在捷運西門站街頭尋找街友下手,一看到熟睡的街友,就將裝在飲料杯中的排泄物,冷不防往他們身上、甚至當頭淋下,惡臭糞水瞬間布滿全身,有的還灌到眼、嘴、鼻中。

街友嚇醒,先是一臉茫然驚恐地環顧四周,低頭才發現滿身穢物,露出作嘔神情。惡作劇的學生先是躲在一旁觀察街友反應,看他們驚嚇又狼狽不堪的模樣,不但得意大笑,還假意上前「關心」詢問「發生甚麼事了?」、「怎麼會這樣?」

有街友發現是學生潑排泄物,氣得一路追趕,雙方隔空互罵,學生還回嗆「是看你口渴,潑的只是尿而已」,影片最後笑著說「小朋友不要學」,相關「出任務」的影片共有六部。

學生還在影片中振振有詞地說,「以前補習班老師也說,這樣刺激他們,可幫助他們努力脫離街友生活」。

影片昨天被轉貼上台大批踢踢(PTT)後,引發網友激憤。除大罵「教育失敗」外,還要求「以其人之道還治其人之身」,要西門町全部的街友潑屎在他們臉上。

消息傳回學校後,校方人員紛紛上網看學生自拍的影片,內心都很難過。王福勝轉述陳姓學生父親的說法,表示孩子因罹患過動症及憂鬱症請假在家,造成社會困擾感到抱歉,也願對受害的街友負責,盼再給孩子一次機會。

王福勝表示,這些學生個性調皮,沒想到會做出如此脫序的行為,懲處結果下周就會出爐。

【2012/05/12 聯合報】
 
 

朝街友潑穢物  兩學生下跪道歉
2012-05-12 20:17 新聞速報 【中央社】

三名強恕高中高三學生半夜朝捷運西門站附近街友潑灑排泄物,轄區萬華警分局今天傳訊學生釐清案情;兩名學生在偵訊後,強調以後絕對不會再犯,並在媒體前下跪道歉。

另外,陳姓學生也錄下道歉畫面上網,表示會盡最大的努力,彌補錯誤。

萬華分局漢中街派出所表示,昨天網路上上傳這段影片後,第一時間即透過校方聯絡包括陳姓、曾姓與紀姓三名學生,今天傳訊三人到案,主要是釐清學生惡作劇動機及時間、地點。由於學生非現行犯,也沒有街友出面指控,目前朝違反社會秩序維護法方向函送法辦。

另外,朝街友潑穢物的陳姓學生,已經在網路上錄製全長三十七秒的道歉影帶,兩次九十度的鞠躬,對自己的行為感到抱歉,表示會盡最大的努力,彌補錯誤。

陳姓學生說,「很抱歉,因為這件事情,我除了深感抱歉之外,我真的不知道該說些什麼,對於這件事情傷害到所有人、學校,以及街友們,真的非常對不起,當初我真的不知道為什麼會做出如此離譜的行為,今後我將盡我最大的努力,盡可能幫助街友。」

對於上網影片的行徑,強恕高中表示,一切都依校規處理,且「絕對是大過以上」,下週懲處結果就會出爐,並對社會有所交待。1010512
 
 

請繼續參考:〈為什麼要說這些老師是智障?
請繼續參考:〈為什麼要說這些學生是智障?



Qui sont les sans domicile fixe ?
GILLES MARCHAND

Au coeur de dispositifs d'aide de plus en plus ciblés, les SDF restent pourtant une population mal connue. Deux enquêtes, l'une sociologique, l'autre ethnologique, apportent de nouveaux éléments de compréhension.

17 octobre 2002, « Journée du refus de la misère ». Comme c'est le cas depuis la première édition en 1987, de nombreuses manifestations ont eu lieu, éparpillées dans de grandes villes françaises et étrangères, dont Bruxelles et New York. Quand on évoque la misère, l'image des sans domicile fixe (SDF) vient naturellement à l'esprit. Et pour cause : ils sont visibles dans les rues, les stations de métro ou les gares. Une présence - voire une appropriation de certains lieux - dans l'espace public, qui selon Julien Damon, « provoque depuis une vingtaine d'années des réactions dans la population (généralement compatissantes, mais parfois hostiles), un intérêt médiatique et scientifique et un investissement institutionnel (déploiement de programmes ponctuels et de politiques de long terme) » (1). A partir d'une analyse de documents (plus de 9 000 coupures de presse, des décrets et des lois, des données sur les dépenses publiques) et de recherches, le sociologue, par ailleurs responsable de la recherche et de la prospective de la Caisse nationale des allocations familiales, tente de dresser un état des lieux de la question SDF. Or, le constat général trahit le principal problème auquel sont confrontés les associations, les politiques publiques et plus généralement tous les acteurs de la prise en charge : « Dans un dialogue sur les sans-abri, les interlocuteurs parlent rarement de la même chose. »

Qu'entend-on par le terme de SDF ? Les personnes qui fréquentent des services destinés aux sans-abri ? Celles qui, sans habitat stable, vont d'une adresse à une autre ? Ou bien celles qui « peuvent être spontanément repérées dans la rue comme SDF », autrement dit l'image d'Epinal des clochards ? Si on prend en considération la complexité de la prise en charge - mesures d'urgence l'hiver, programmes sur le long terme touchant aux soins, à l'emploi, ou encore au logement - et les modes d'intervention, la situation s'approche dangereusement d'un véritable sac de noeuds : « La prise en charge des SDF est un ensemble hétéroclite de réponses à un problème hétérogène, sans véritable principe d'action unificateur. »

Même si, donc, la question SDF reste « un problème hétérogène », les études menées depuis une dizaine d'années permettent de mieux comprendre les caractéristiques de cette population. Ces travaux soulignent que « les SDF, même les plus marginalisés, ne vivent pas dans un monde différent. Au contraire, on observe un continuum de situations entre les personnes vivant dans la rue et celles qui séjournent dans des centres d'hébergement [...] ou des logements précaires. » Pour comprendre ce qu'est la population des SDF, il faut retenir de ces travaux que, d'une part, elle n'est pas constituée d'un « stock » humain figé, mais faite d'entrées et de sorties. D'autre part, elle n'est pas une catégorie sociale homogène, le vécu de l'un, en termes de revenu, de lien social ou de logement ne correspondant pas à la situation d'un autre. J. Damon considère les SDF, pour son analyse, comme la cible d'une action publique. Il les envisage également comme des acteurs sociaux, agissant selon des croyances, effectuant des choix, développant des stratégies à plus ou moins long terme, et ayant des opinions, des idées, des valeurs. Leurs décisions peuvent être mal comprises - par exemple refuser d'être hébergé dans des structures spécialisées - mais ne sont pas pour autant irrationnelles - le refus peut être motivé par le besoin de préserver sa dignité ou le rejet d'une promiscuité trop douloureusement subie. Par acteur, il faut aussi entendre que le relâchement des liens n'équivaut pas à une situation de mort sociale. Les relations familiales, l'intégration ou le lien de citoyenneté peuvent être modifiés, transformés, fragilisés, ils n'en restent pas moins existants. Et pour rendre compte de leur mode de vie, J. Damon emploie le terme de bricolage, au sens « de débrouillardise, de tâtonnements et de capacités d'adaptation », un bricolage des ressources qu'ils peuvent saisir.

Tout d'abord, les SDF bricolent par nécessité économique, mais pas seulement. Les SDF cherchent à améliorer des conditions d'existence instables et frustrantes, en déployant des ressources d'imagination et d'innovation. Ils sont obligés de vivre au jour le jour, et doivent faire face aux imprévus du quotidien. Même s'ils agissent souvent seuls, certains d'entre eux échangent des conseils et des « tuyaux » avec d'autres sans-abri. Chacun gère sa vie à sa façon, utilise ou non les aides publiques proposées, tâtonne, découvre et affine ses méthodes de survie, mais toujours en disposant « d'une vue d'ensemble sur ce qu'il veut et peut faire en fonction de ses compétences et de ses objectifs ». Avec le temps, les SDF se constituent des répertoires de discours ou d'action, qu'ils adaptent selon le contexte, et nombre d'entre eux connaissent très bien la nature et la qualité des services proposés par les différents acteurs de la prise en charge. « La vie quotidienne des SDF ne peut donc être une existence bohème, chaotique, désordonnée, irrationnelle. » Elle est au contraire faite d'habitudes et de rythmes assez précis, qui peuvent être largement suffisants pour occuper une journée. Mais ces répertoires d'action évoluent, les modalités de bricolage également, en fonction des évolutions du système de prise en charge et des étapes personnelles de la « carrière » SDF.

Sous l'angle de la pathologie mentale

Très loin de la vision du SDF comme acteur social, un ouvrage paru en 2001 (2) a fait grand bruit, notamment auprès des acteurs sociaux de la prise en charge. Se plaçant dans une toute autre perspective de celle de J. Damon, le psychanalyste et ethnologue Patrick Declerck propose le fruit de quinze ans de travail de proximité avec une frange spécifique des SDF, les clochards. Selon lui, pauvreté et exclusion sont insuffisantes pour rendre compte de ce phénomène : « L'histoire de ces sujets, quel que soit leur milieu social, fait généralement apparaître une psychopathologie personnelle lourde, doublée d'une pathologie familiale importante. » Les phénomènes de désocialisation semblent, chez certains, dominer le tableau. Pour preuve, la « perte répétée, quasi programmée », des papiers d'identité. Il souligne également « l'immense résistance au changement souvent opposée par les clochards à toute amélioration durable et structurelle de leur état ».

Trois constantes ressortent d'après lui de l'approche clinique : des dysfonctionnements précoces dans l'enfance (relations maternelles perturbées, troubles du sommeil et de l'alimentation, scolarité problématique) ; de nombreux traumatismes psychiques et physiques les ayant touchés, eux ou leurs proches ; enfin un alcoolo-tabagisme qu'on retrouve comme une forte composante familiale. La clochardisation, pour P. Declerck, est un état irréversible qui n'aboutit jamais à une réinsertion. « Si pour ces sujets, il n'y a jamais eu insertion, comment pourrait-il y avoir réinsertion subséquente ? », s'interroge-t-il. En fait, ces SDF seraient dans une dynamique de répétition de l'exclusion : « Le clochard est un exclu qui en est venu à ne plus pouvoir vivre autrement que dans l'exclusion perpétuelle de lui-même. »

J. Damon reproche à cette vision son point de vue limité de la problématique SDF. « Dans cet ordre d'idée, les sans-abri constituent une population pathologiquement distinguable de la population générale, et la question SDF devient un problème qui ne s'analyse pas en termes d'inégalités et de mobilité sociale, mais en termes de morbidité et de catégorie singulière. » Et dans une interview récente (3), il rappelle que des gens s'en sortent, des « contre-exemples parmi ces gens que l'on dit complètement foutus ». Même si leurs positions divergent sur certains points, les différences tiennent avant tout à la manière d'approcher la population SDF. Plutôt qu'opposées, les deux analyses semblent en fait complémentaires...
 
NOTES

1. J. Damon, La Question SDF. Critique d'une action publique, Puf, 2002.

2. P. Declerck, Les Naufragés. Avec les clochards de Paris, Plon, 2001.

3. Entretien avec J. Damon, octobre 2002. À lire sur le site Internet : http://www. lemonde.fr

 

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