《我的魔法阿爸》只用了九天就拍攝完畢,裡面有相當多的長時間鏡頭 (plan-séquence),亦即不怎麼剪接的鏡頭。邱金海說他看了寇馬克․麥卡錫 (Cormac McCarthy) 的小說《道路》(The Road, 2006) 後,才想寫一部關於父子關係的劇本。寇馬克․麥卡錫,這名字已出現在本部落格超過十次了吧,他就是《險路勿近》的小說原作《老頭無國度》(No Country for Old Men) 作者。

《世界報》給了《我的魔法阿爸》四顆星(影評見下,對不起沒有翻譯),著實嚇了我一跳(尤其下筆者是位女影評人,突然給這部亞洲片最高評價,是有些不尋常)。不過我再檢查了一下我最常看的《電視全覽》(Télérama) 影評,只給《我的魔法阿爸》兩顆星。

《我的魔法阿爸》在金馬影展還有一堆剩票,不怕沒位子坐,請額外再買單場的《我的魔法阿爸》。

從法蘭西斯․波斯可 (Francis Bosco) 他都可以演出《我的魔法阿爸》來看,我覺得台灣的小甜甜也可以演出台灣的《我的魔法阿嬤》,也一定能夠感動坎城評審的。

回頭檢查我自己作的坎城報導,還真是挺好看的耶(貼了好多圖)。請見〈圍牆以內有實力摘下一獎〉http://blog.yam.com/jostar2/article/15289480

"My Magic" : toute la magie du mélodrame (通俗劇的神奇魔力)
LE MONDE | 04.11.08 | 14h59  •  Mis à jour le 04.11.08 | 14h59

Né en 1965 à Singapour, pays sans histoire cinématographique notable, Eric Khoo bricole un cinéma qui ne ressemble à aucun autre à partir d'un matériau brut puisé dans son environnement familier. Dans Be With Me (2005), délicat canevas sentimental à trois voies, il adaptait sa mise en scène à l'esthétique du SMS et au mode de perception d'une vieille femme sourde et muette au destin extraordinaire. Ici encore, c'est un personnage hors norme qui est à l'origine du film, Francis Bosco, fakir et magicien de son état.

Avec lui, Khoo réalise un film magique. Comme à l'époque des frères Lumière, l'émerveillement vient simplement de ce que montre la caméra, dans de longs plans séquences : Bosco croquant des morceaux de verre, s'enfonçant une aiguille à travers la joue, faisant sortir du feu de son portefeuille... Car si plus personne n'a peur d'être écrasé par l'image d'un train entrant en gare, un magicien qui accomplit "pour de vrai" ses numéros devant la caméra, c'est autre chose.

Clown triste au physique d'éléphant, Francis Bosco apparaît dès le premier plan, assis sur un tabouret de bar à enquiller whisky sur whisky à une cadence quasi militaire. Alliant génie burlesque et intensité mélodramatique, il impose une présence improbable. Quand le barman cesse de le servir, il broie son verre avec ses dents et en avale goulûment tous les morceaux. En un plan unique, cette performance sidérante, plus douloureuse pour le spectateur qui la regarde que pour l'acteur qui l'accomplit, exprime à la fois l'indicible souffrance du personnage, dont le film va révéler le secret, et la manière dont il s'en est anesthésié.

Francis est une tragédie à lui tout seul. Une épave alcoolique, homme à tout faire dans une boîte de nuit, inconsolable depuis que sa femme l'a quitté. Il vit seul avec son fils, un collégien de 12 ou 13 ans qui subvient comme il peut à ses propres besoins et nettoie régulièrement les dégâts causés par les beuveries de son père. Jusqu'au jour où, n'en pouvant plus, il lui assène frontalement son mépris. L'agression produit sur le père l'effet d'une secousse tellurique qui le propulse sur la voie d'une rédemption aussi violente que l'était jusqu'alors son régime d'autodestruction débridé : lorsque son patron lui propose d'exploiter ses talents de fakir pour satisfaire les pulsions sadiques d'un riche client, il entrevoit le moyen d'amasser beaucoup d'argent pour l'avenir de son fils.

OFFRIR SON CORPS EN PÂTURE

Francis va alors mener deux existences en parallèle, et le film nourrir sa dynamique de leur contraste. Le jour, il regagne le respect de son fils en lui dispensant toutes sortes d'attentions, lui préparant des petits plats, lui transmettant sa science de la magie héritée d'une vie antérieure, quand il était prestidigitateur... Sans faire de discours, Khoo reconstruit le lien filial entre ses deux personnages par la juxtaposition d'une série de petits gestes auxquels il donne, par la tendresse et la justesse de son regard, une force d'évocation bouleversante. Si le film est si court (1 h 15), c'est qu'il fonctionne ainsi tout du long, selon un régime narratif sec et intense qui doit autant à la puissance de son personnage, à sa cinégénie, qu'à la manière dont le cinéaste fait de lui la matrice d'un magnifique mélo.

La nuit, l'homme offre son corps en pâture à ses sinistres commanditaires contre des sommes d'argent qui augmentent avec la douleur qu'il accepte d'endurer. L'atroce crescendo auquel il est soumis révèle dans un même mouvement la force de l'amour de ce père pour son fils, et la violence des rapports d'exploitation humains, qui sont ici poussés à une extrémité ultime. Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici, comme le révèle un éblouissant dénouement : de la violence d'un monde qui écrase les plus faibles, et des trésors d'émerveillement que recèle, envers et contre tout, la magie du cinéma.

Film singapourien d'Eric Khoo avec Francis Bosco, Jathishweran Naidu, Grace Kalaiselvi. (1 h 15.)
Isabelle Regnier
arrow
arrow
    全站熱搜
    創作者介紹
    創作者 Tel quel 的頭像
    Tel quel

    就像這樣 Tel quel

    Tel quel 發表在 痞客邦 留言(0) 人氣()