讓我來分析一下《世界報》怎麼寫《東京奏鳴曲》的影評。
第一段:簡介黑澤清怎樣靠《東京奏鳴曲》打破他的慣用類型。
第二段:歸納黑澤清以前的影片都在幹什麼:超自然。
第三加第四跟第五段:回到《東京奏鳴曲》:影片題材。然後說明《東京奏鳴曲》的家族成員。用《東京奏鳴曲》的家庭來隱喻整個日本社會的解體。
第六段:簡短一句話用《東京奏鳴曲》的父親控訴經濟怪獸的破壞力。
來到第二個小標題之後的第一段:大致稱讚場面調度,讓畫面構成現實。
第二段:最後一段是相當感人的場景,多多少少是很詩意的、提供開放結局,讓人猜想他們的生活應該會重新上軌道。《世界報》評價:《東京奏鳴曲》★★★★
欸,有些影評,第一眼看是會讓讀者覺得好像講到很多東西。不過,將之解構之後,就會發現有些影評沒有講到痛處。既然《世界報》給《東京奏鳴曲》「超優」(Excellent !) 的評價,至少要有一些「點」能讓讀者感受到它超優的地方吧。所以我說其實很難寫《東京奏鳴曲》的影評,因為必須要深入思考,才能看出這部片的不凡之處。不要以為《東京奏鳴曲》只是講講失業的心境──有多少影評只會把『失業』、『失業』當口號在寫──,它其實還談到很道德的跟「尊嚴」(每位角色都有,請仔細看呀!!)。反正,雖然我也很喜歡《橫山家之味》,但我覺得《東京奏鳴曲》還更勝一籌。──至於《死亡筆記本》之類的爛片……嗯,該片已被我寫進影評人的死亡筆記本了。
"Tokyo Sonata" : une famille au Japon, c'est aussi un film d'épouvante
LE MONDE | 24.03.09 | 14h07 • Mis à jour le 25.03.09 | 18h41
Le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa pourrait facilement être vu comme une rupture dans l'oeuvre d'un des cinéastes japonais les plus importants du moment. Tokyo Sonata ne relève pas du genre fantastique ou du film d'horreur - sa spécialité. Mais il est vrai que ce cinéaste de 53 ans, auteur d'une vingtaine de films, a une obsession : faire exploser la catégorie du cinéma de genre.
Toute l'oeuvre de Kurosawa est hantée par la recherche de ce que le cinéma, et notamment d'épouvante, a transformé en conventions, en clichés. Ou comment la représentation au cinéma d'une forme d'angoisse bien réelle se rattache à un archétype profondément ancré. Le surnaturel n'est ainsi, chez lui, que l'expression d'une catégorie philosophique ou poétique (la hantise du double, la force du négatif) qu'un récit plus réaliste est, tout autant, capable de saisir. C'est finalement ce que démontre brillamment ce film.
Tokyo Sonata semble relever du drame familial, une tradition ancrée dans le cinéma japonais, qu'il soit classique (les chroniques d'un Yasujiro Ozu) ou moderne (les brûlots antifamille de Nagisa Oshima).
Le film de Kiyoshi Kurosawa dessine une troisième voie, qui intègre cet héritage en l'adaptant à la réalité contemporaine. Le film met en scène une famille de petits-bourgeois de Tokyo : le père, la mère, les deux fils. Le père, un jour, est licencié sans préavis, devient chômeur tout en le cachant aux autres membres de la famille.
Au même moment, le fils aîné annonce son intention de s'engager dans l'armée et de partir se battre en Irak, le plus jeune prend des leçons de piano en cachette, refusant les perspectives tracées pour lui par ses parents. Tokyo Sonata est le récit d'un dérèglement familial, métaphore d'un autre dérèglement plus général, social et historique. Avec l'effrayant Séance, réalisé il y a quelques années pour la télévision, Kurosawa avait fait d'un lent effondrement conjugal la matière d'un film d'épouvante. Le désoeuvrement pathétique du père, qui rejoint tous les jours une cohorte de cadres en quête d'emploi, déclassés devenus clochards en costume-cravate et avec ordinateurs portables, rend dérisoires ses tentatives pour reproduire, à domicile, un ordre patriarcal. Tout démontre qu'il est devenu impraticable et ridicule.
Mais ce dont témoigne brillamment le film de Kurosawa, c'est que, loin d'être une libération, la faillite du père est devenue la preuve de la destruction d'un monde ancien par la marche de l'économie, devenue folle, inaccessible et fantomatique.
SUSPENS LYRIQUE
Dans le cinéma de Kurosawa, les spectres hantent notre réalité. Ce sont les laissés-pour-compte d'une mutation humaine dont ne se mesurent pas encore les causes et les conséquences. L'élégance de la mise en scène, une direction d'acteur qui ne néglige pas une forme d'humour à combustion lente, participe de la construction de cette réalité si subtilement spectrale.
L'émouvante fin du film, qui voit triompher une forme de communion par-dessus le chaos grâce à l'art (l'interprétation de Debussy au piano par le benjamin de la famille), laisse dans un suspens lyrique les questions de ce qui pourrait être un des premiers films à interroger la crise dans laquelle le monde a commencé de s'enfoncer.
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa avec Koji Yakusho, Teruyuki Kagawa, Kyoko Koizumi. (1 h 59.)
Jean-François Rauger
第一段:簡介黑澤清怎樣靠《東京奏鳴曲》打破他的慣用類型。
第二段:歸納黑澤清以前的影片都在幹什麼:超自然。
第三加第四跟第五段:回到《東京奏鳴曲》:影片題材。然後說明《東京奏鳴曲》的家族成員。用《東京奏鳴曲》的家庭來隱喻整個日本社會的解體。
第六段:簡短一句話用《東京奏鳴曲》的父親控訴經濟怪獸的破壞力。
來到第二個小標題之後的第一段:大致稱讚場面調度,讓畫面構成現實。
第二段:最後一段是相當感人的場景,多多少少是很詩意的、提供開放結局,讓人猜想他們的生活應該會重新上軌道。《世界報》評價:《東京奏鳴曲》★★★★
欸,有些影評,第一眼看是會讓讀者覺得好像講到很多東西。不過,將之解構之後,就會發現有些影評沒有講到痛處。既然《世界報》給《東京奏鳴曲》「超優」(Excellent !) 的評價,至少要有一些「點」能讓讀者感受到它超優的地方吧。所以我說其實很難寫《東京奏鳴曲》的影評,因為必須要深入思考,才能看出這部片的不凡之處。不要以為《東京奏鳴曲》只是講講失業的心境──有多少影評只會把『失業』、『失業』當口號在寫──,它其實還談到很道德的跟「尊嚴」(每位角色都有,請仔細看呀!!)。反正,雖然我也很喜歡《橫山家之味》,但我覺得《東京奏鳴曲》還更勝一籌。──至於《死亡筆記本》之類的爛片……嗯,該片已被我寫進影評人的死亡筆記本了。
"Tokyo Sonata" : une famille au Japon, c'est aussi un film d'épouvante
LE MONDE | 24.03.09 | 14h07 • Mis à jour le 25.03.09 | 18h41
Le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa pourrait facilement être vu comme une rupture dans l'oeuvre d'un des cinéastes japonais les plus importants du moment. Tokyo Sonata ne relève pas du genre fantastique ou du film d'horreur - sa spécialité. Mais il est vrai que ce cinéaste de 53 ans, auteur d'une vingtaine de films, a une obsession : faire exploser la catégorie du cinéma de genre.
Toute l'oeuvre de Kurosawa est hantée par la recherche de ce que le cinéma, et notamment d'épouvante, a transformé en conventions, en clichés. Ou comment la représentation au cinéma d'une forme d'angoisse bien réelle se rattache à un archétype profondément ancré. Le surnaturel n'est ainsi, chez lui, que l'expression d'une catégorie philosophique ou poétique (la hantise du double, la force du négatif) qu'un récit plus réaliste est, tout autant, capable de saisir. C'est finalement ce que démontre brillamment ce film.
Tokyo Sonata semble relever du drame familial, une tradition ancrée dans le cinéma japonais, qu'il soit classique (les chroniques d'un Yasujiro Ozu) ou moderne (les brûlots antifamille de Nagisa Oshima).
Le film de Kiyoshi Kurosawa dessine une troisième voie, qui intègre cet héritage en l'adaptant à la réalité contemporaine. Le film met en scène une famille de petits-bourgeois de Tokyo : le père, la mère, les deux fils. Le père, un jour, est licencié sans préavis, devient chômeur tout en le cachant aux autres membres de la famille.
Au même moment, le fils aîné annonce son intention de s'engager dans l'armée et de partir se battre en Irak, le plus jeune prend des leçons de piano en cachette, refusant les perspectives tracées pour lui par ses parents. Tokyo Sonata est le récit d'un dérèglement familial, métaphore d'un autre dérèglement plus général, social et historique. Avec l'effrayant Séance, réalisé il y a quelques années pour la télévision, Kurosawa avait fait d'un lent effondrement conjugal la matière d'un film d'épouvante. Le désoeuvrement pathétique du père, qui rejoint tous les jours une cohorte de cadres en quête d'emploi, déclassés devenus clochards en costume-cravate et avec ordinateurs portables, rend dérisoires ses tentatives pour reproduire, à domicile, un ordre patriarcal. Tout démontre qu'il est devenu impraticable et ridicule.
Mais ce dont témoigne brillamment le film de Kurosawa, c'est que, loin d'être une libération, la faillite du père est devenue la preuve de la destruction d'un monde ancien par la marche de l'économie, devenue folle, inaccessible et fantomatique.
SUSPENS LYRIQUE
Dans le cinéma de Kurosawa, les spectres hantent notre réalité. Ce sont les laissés-pour-compte d'une mutation humaine dont ne se mesurent pas encore les causes et les conséquences. L'élégance de la mise en scène, une direction d'acteur qui ne néglige pas une forme d'humour à combustion lente, participe de la construction de cette réalité si subtilement spectrale.
L'émouvante fin du film, qui voit triompher une forme de communion par-dessus le chaos grâce à l'art (l'interprétation de Debussy au piano par le benjamin de la famille), laisse dans un suspens lyrique les questions de ce qui pourrait être un des premiers films à interroger la crise dans laquelle le monde a commencé de s'enfoncer.
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa avec Koji Yakusho, Teruyuki Kagawa, Kyoko Koizumi. (1 h 59.)
Jean-François Rauger
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