因為整理譯文、耽誤很多時間的關係,在此對太早閱讀本網誌的讀者致歉(當時都沒什麼中文說明)
20 décembre 2010
Six ans de prison pour le cinéaste Jafar Panahi
Arrêté le 1er mars dernier, libéré sous caution le 25 mai, le réalisateur iranien Jafar Panahi a été condamné à six ans de prison, vient-on d'apprendre de son avocate Farideh Gheyrat, dans une interview à l'agence de presse iranienne Isna.
"Monsieur Panahi a été condamné à six ans de prison, 20 ans d'interdiction de réaliser des films, d'écrire toute sorte de scénarios, de voyager à l'étranger ainsi que d'accorder des interviews à la presse iranienne et étrangère, pour "rassemblement et collusion contre la sécurité nationale et propagande contre la République islamique"", a annoncé aujourd'hui à Isna son avocate Farideh Gheyrat, qui a expliqué avoir été informée de la condamnation en même temps que son client samedi dernier. Elle a en outre indiqué qu'elle allait faire appel du jugement.
Un autre réalisateur iranien, Mohammad Rassoulof, qui travaillait sur un film avec Panahi avant son arrestation, a été lui aussi condamné à six ans de prison pour les mêmes chefs d'accusation, a indiqué son avocat, Iman Mirzadeh, à l'agence de presse Isna .
Les deux cinéastes avaient été arrêtés ensemble le 1er mars dernier, par des agents de sécurité, au domicile de Panahi en compagnie de la femme et de la fille de celui-ci. Le ministère iranien de la Culture et de la Guidance islamique les avait accusés d'avoir "préparé un film de propagande contre le régime portant sur les événements post-électoraux", en référence aux manifestations qui ont suivi la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009.
Tandis que Rasoulof a été libéré sous caution le 18 mars suivant après avoir demandé pardon, Jafar Panahi n'a été relâché que le 25 mai, après le versement d'une caution de 150 000 euros, ainsi qu'une importante mobilisation internationale de soutien, notamment à travers le festival de Cannes, qui lui avait réservé une chaise vide de membre du jury.
On se souvient que le réalisateur iranien avait provoqué l'émoi après l'envoi depuis sa prison de deux lettres dans lesquelles il détaillait ses difficiles conditions d'incarcération. La première avait été lue en haut des marches par le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand, la seconde par l'actrice française Juliette Binoche.
Que reproche-t-on à Jafar Panahi ?
Il a apporté son soutien au Réformateur Mir Hossein Moussavi, pourtant l'un des candidats officiels du Régime islamique, lors de la campagne présidentielle de juin 2009. Cet appui était une réponse à la politique d'étouffement et de censure dont ont été victimes les artistes iraniens depuis l'accès à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad en 2005.
Pourtant, les films d'auteur de Panahi traitent essentiellement de la société iranienne et n'ont jamais critiqué directement le pouvoir ou la religion. En dépit de leur succès international, ils ont été pour la plupart censurés en République islamique. Malgré cela, le réalisateur iranien, contrairement à nombre de ces confrères, a toujours mis un point d'orgue à travailler en Iran.
Depuis les événements de juin 2009, et après l'expulsion de l'ensemble des journalistes étrangers, le réalisateur a multiplié les interviews à la presse internationale afin de témoigner de la réalité du pays. Fin août 2009, Panahi a arboré une écharpe verte, couleur de l'opposition iranienne, lors du Festival du film de Montréal. A son retour, il s'est vu confisquer son passeport – et donc interdire la sortie du territoire -, ce qui l'avait déjà empêché de se rendre en février dernier au festival du Film de Berlin, dont il était pourtant l'invité.
Aujourd'hui, Jafar Panahi, ancien assistant d'Abbas Kiarostami, est à 50 ans l'un des cinéastes de la “nouvelle vague” iranienne les plus connus à l'étranger.
Il a obtenu le prix de la caméra d'or à Cannes en 1995 pour Le ballon blanc, l'odyssée d'une jeune fille dans les rues de Téhéran. Cinq ans plus tard, il décroche à la Mostra de Venise le « Lion d'or » pour Le Cercle, film traitant de la condition des femmes en Iran avant de revenir, en 2003, à ses premiers amours, Cannes, où il se voit décerner le prix « Un certain Regard » pour Sang et Or, œuvre décriant le fossé entre les classes sociales. En 2006, il remporte enfin, à la Berlinale, l'Ours d'argent pour “Offside”, dont le combat d'Iraniennes interdites de pénétrer dans un stade de football constitue le noeud de l'action.
Le 6 décembre dernier, le cinéaste iranien avait été invité à participer au jury de la prochaine session de la Berlinale, qui se tient du 10 au 16 février 2011 dans la capitale allemande.
Un troisième réalisateur iranien, Mohammad Nourizad, a été hospitalisé la semaine dernière pour une hémoragie interne, après six jours de grève de la faim dans la prison politique d'Evin à Téhéran. Le cinéaste y purge depuis décembre 2009 une peine de 3 ans et demi de prison pour “propagande anti-gouvernementale” et “insulte contre le Guide suprême”.
Par Armin Arefi
Mobilisation des intellectuels français pour l'Iranien Jafar Panahi
LEMONDE.FR avec AFP |
Le monde du cinéma et les intellectuels français ont sonné la mobilisation générale, lundi 20 décembre, à l'annonce de la condamnation du cinéaste iranien Jafar Panahi à six ans de prison et vingt ans d'interdiction de réaliser des films et de voyager à l'étranger, pour "rassemblement et collusion contre la sécurité nationale et propagande contre la République islamique", avait annoncé son avocate. Un autre jeune réalisateur, Mohammad Rasoulof, qui travaillait sur un film avec Jafar Panahi avant son arrestation, a aussi écopé de six ans de prison, pour des faits similaires.
Le ministre de la culture français, Frédéric Mitterrand, a exprimé son "indignation", qualifiant la condamnation de Jafar Panahi de "pseudo-jugement". Pour le philosophe Bernard-Henri Lévy, le réalisateur a été condamné "sur le soupçon d'avoir l'intention de réaliser un film sur le mouvement vert (l'opposition lors de l'élection présidentielle en 2009). Son seul crime est d'avoir soutenu [Mir Hossein] Moussavi", le candidat de l'opposition, a-t-il indiqué à l'AFP. Téhéran vient "d'inventer le délit de synopsis" et "a déclaré la guerre à ses artistes et à sa société civile toute entière", a-t-il ajouté.
De son côté, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a immédiatement appelé à "agir vite", et cherchait à organiser rapidement un comité de soutien avec la Cinémathèque française et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, présidée par le réalisateur Bertrand Tavernier.
UN SOUTIEN PRÉCIEUX
Agé de 50 ans, Jafar Panahi, l'un des cinéastes de la "nouvelle vague" iranienne les plus connus à l'étranger, avait déjà été arrêté le 1er mars à son domicile de Téhéran avec seize autres personnes, dont son épouse et sa fille. La plupart ont été libérées. Jafar Panahi a, quant à lui, été libéré fin mai, après le versement d'une caution de 200 000 dollars (152 000 euros). Lors de son séjour en prison, il avait engagé une grève de la faim.
Jafar Panahi avait été "adopté" en mai dernier par le Festival de Cannes, qui l'avait invité à participer au jury et lui avait gardé, symboliquement, sa chaise vide parmi les jurés lors des cérémonies d'ouverture et de clôture qu'il avait été empêché de rejoindre. Le cinéaste avait été également privé de Mostra, en septembre à Venise, son passeport ayant été révoqué par les autorités à cette occasion. La Berlinale, le festival international de cinéma de Berlin, venait à son tour de l'inviter à siéger au jury de sa 61e édition du 10 au 20 février.
"C'est important qu'il sache que nous sommes là, a souligné Bertrand Tavernier. Ce qui vient de se passer montre qu'on avait eu raison de prendre au sérieux les premières menaces à son encontre." En septembre, dans un entretien avec l'AFP, Jafar Panahi avait dit à quel point il était "reconnaissant à tous [ses] collègues pour leur soutien" pendant son séjour en prison.以下是賈法˙潘納希的辯護詞 (plaidoirie);周星星我是從 PDF 檔複製過來的,但竟然喪失所有的音標符號,所以我才從頭檢閱起並修正拼字跟文法的錯誤。賈法˙潘納希寫得非常好呀!
Après avoir été reporté à plusieurs reprises, le procès de Jafar Panahi s'est ouvert le 28 septembre 2010 à Téhéran. Ci-dessous, la copie de sa plaidoirie qu'il a lu au juge le 7 novembre. _______________________________________________________
plaidoyer en deux parties distinctes : du cinéma, malgré le fait qu'une grande partie de ma collection avait été confisquée durant le raid qui a pris place la nuit du 19 février 2009 chez moi. En fait, Monsieur Rassoulof et moi-même étions en train de tourner un film du genre social et artistique quand les forces qui proclamaient faire partie du ministère de la sécurité, sans présenter aucun mandat officiel, nous ont arrêtés, ainsi que tous nos collaborateurs, et du même coup, confisquaient tous mes films qu'ils ne m'ont jamais restitué par la suite. Par la suite, la seule allusion jamais faite à ces films était celle du juge d'instruction du dossier : « pourquoi cette collection de films obscènes ? » J'aimerais préciser que j'ai appris mon métier du cinéaste en m'inspirant de ces mêmes films que le juge appelait « obscènes ». Et croyez-moi je n'arrive pas à comprendre comment un tel adjectif peut-il être attribué à des films pareils, comme je n'arrive pas à comprendre comment on peut appeler « délit criminel » l'activité pour laquelle on veut me juger aujourd'hui. On me juge, en fait, pour un film dont moins d'un tiers était tourné au moment de mon arrestation. Vous connaissez certainement l'expression qui dit : ne dire que la moitié de la phrase : « il n y'a point de Dieu que dieu le grand » est synonyme de blasphème. Alors, comment peut-on juger d'un film avant qu'il ne soit même fini ? Je n'arrive pas à comprendre ni l'obscénité des films de l'Histoire du cinéma ni mon chef d'accusation. Nous juger serait juger l'ensemble du cinéma engagé, social et humanitaire iranien ; le cinéma qui a la prétention de se placer au-delà du bien et du mal, le cinéma qui ne juge pas et qui ne se met pas au service du pouvoir et de l'argent mais qui fait de son mieux afin de rendre une image réaliste de la société. On m'accuse d'avoir voulu promouvoir l'esprit d'émeute et de révolte. Cependant, tout au long de ma carrière de cinéaste, j'ai toujours réclamé être un cinéaste social et non politique avec des préoccupations sociales et non politiques. Je n'ai jamais voulu me placer en position de juge et de procureur ; je ne suis pas cinéaste pour juger mais pour faire voir ; je ne tiens pas à décider pour les autres ou leur prescrire quoi qu'il soit. Permettez-moi de répéter ma prétention de placer mon cinéma au-delà du Bien et du Mal. Ce genre d'engagement nous a souvent coûté à mes collaborateurs et à moi-même. Nous avons été frappés par la censure mais c'est une première que de condamner et d'emprisonner un cinéaste pour l'empêcher de faire son film et il s'agit d'une première aussi que de rafler la maison du dit cinéaste et de menacer sa famille pendant son « séjour » en prison. On m'accuse d'avoir participé aux démonstrations. La présence des caméras était interdite durant ces démonstrations mais on ne peut pas interdire aux cinéastes d'y participer. Ma responsabilité en tant que cinéaste est d'observer afin de pouvoir un jour en rendre compte. On nous accuse d'avoir commencé le tournage sans avoir demandé l'autorisation du gouvernement. Dois-je vraiment préciser qu'il n'existe aucune loi promulguée par le parlement concernant ces autorisations. En fait, il n'existe que des circulaires interministérielles, qui changent au fur et à mesure que les vice-ministres changent. On nous accuse d'avoir commencé le tournage sans avoir donné le scénario aux acteurs du film. Dans notre genre du cinéma, ou on travaille plutôt avec des acteurs non professionnels c'est une mode de faire très courante pratiquée par presque tous mes collègues. Un chef d'accusation pareil me semble relevé plutôt du domaine de l'humour déplacé que du domaine juridique. On m'accuse d'avoir signé des pétitions. J'ai en fait, signé une pétition dans laquelle 37 de nos plus important cinéastes declaraient leur inquiétude quant à la situation du pays. Malheureusement, au lieu d'écouter ces artistes, on les accuse de traîtres ; et pourtant les signataires de cette pétition sont justement ceux qui ont toujours réagi en premier aux injustices dans le monde entier. Comment voulez-vous qu'ils restent indifférents à ce qui se passe dans leur propre pays ? On m'accuse d'avoir organisé les démonstrations autour du festival de Montréal ; cette accusation n'est basée sur aucune logique puisque en tant que directeur du jury je n'étais à Montréal que depuis deux heures quand les démonstrations ont commencé. Ne connaissant personne dans cette ville comment aurais-je pu organiser un tel événement ? On ne tient pas à s'en souvenir peut-être mais durant cette période partout dans le monde où il se passait quelque chose nos compatriotes se rassemblaient afin d'exprimer leurs demandes. On m'accuse d'avoir participé aux interviews avec les médias de langue persane basés à l'étranger. Je sais qu'il n'existe aucune loi interdisant un tel acte. laquelle il appartient. Il observe, analyse et essaie de présenter le résultat en forme d'oeuvre d'art. Comment peut-on accuser et incriminer qui que ce soit en raison de son esprit et de sa façon de voir les choses ? Rendre les artistes improductifs et stériles est synonyme de détruire toutes formes de pensées et de créativités. Le raid effectué chez moi et l'emprisonnement de mes collaborateurs et de moi-même représentent le raid du pouvoir effectué contre tous les artistes du pays. Le message convie par cette série d'actions me paraît bien clair et bien triste : qui ne pense pas comme nous s'en repentira... En fin de compte, j'aimerais aussi rappeler à la cour une autre ironie du sort me concernant : en fait, l'espace consacré à mes prix internationaux au musée du cinéma à Téhéran est plus grand que l'espace de ma cellule pénitentiaire. Quoi qu'il en soit, moi Jafar Panahi déclare solennellement que malgré les mauvais traitements que j'ai dernièrement reçus dans mon propre pays, je suis iranien et que je veux vivre et travailler en Iran. J'aime mon pays et j'ai déjà payé le prix de cet amour. Toutefois, j'ai une autre déclaration à ajouter à la première : mes films étant mes preuves irréfutables, je déclare croire profondément au respect des droits de « l'autrui » à la différence, au respect mutuel et à la tolérance. La tolérance qui m'empêche de juger et de haïr. Je ne hais personne, même pas mes interrogateurs puisque je reconnais ma responsabilité envers les générations à venir. L'Histoire avec un grand H est bien patiente ; les petites histoires passent devant elle sans se rendre compte de leur insignifiance. Pour ma part, je m'inquiète pour ces générations à venir. Notre pays est bien vulnérable et c'est seulement l'instauration de l'Etat de droit pour tous sans aucune considération ethnique, religieuse ou politique qui peux nous préserver du danger bien réel d'un futur proche chaotique et fatal. A mon avis, la Tolérance est la seule solution réaliste et honorable à ce danger imminent. |