鑑於這支《大都會》拷貝一定會在全世界流傳(或被壓成 DVD),周星星我還是先複製以下這兩則分別來自柏林跟布宜諾斯艾利斯的報導。等《大都會》將在台放映時,我再好好地一一翻譯裡頭的每一項細節。

Enquête
"Metropolis" tel que le voulait Fritz Lang
LE MONDE | 13.02.10 | 14h19  •  Mis à jour le 15.02.10 | 09h13

Berlin Envoyé spécial

Quand on l'interrogeait sur Metropolis, Fritz Lang répondait : "Comment voulez-vous que je vous parle d'un film qui n'existe plus ?" Mutilée par les distributeurs américains et allemands après sa sortie au printemps 1927, la version voulue par Fritz Lang (150 minutes) avait disparu. En 2008, on retrouve à Buenos Aires une copie 16 mm très proche de l'originel. Pour sa 60e édition, la Berlinale a projeté en grande pompe, vendredi 12 février, cette trouvaille, qui rend au cinéma un trésor perdu.

Dans la belle salle du FriedrichstadtPalast, les invités ont découvert le film, accompagné par l'Orchestre de la radio, dirigé par Frank Strobel. Pendant ce temps, sur la Pariser Platz, devant la porte de Brandebourg masquée par un écran géant, 2 000 spectateurs, debout dans la neige, partageaient ce plaisir dans des conditions extrêmes. A l'Opéra de Francfort, un autre orchestre accompagnait la projection, retransmise en direct sur Arte, des deux côtés du Rhin. Et le musée berlinois du cinéma propose une exposition jusqu'au 25 avril consacrée au chef-d'oeuvre retrouvé.

Le film qu'on a découvert accroît l'importance de Metropolis dans l'histoire du cinéma. "On en aura fini avec la réputation de film de science-fiction qui collait à Metropolis", dit Martin Körber, de la Fondation Friedrich Murnau, qui a codirigé la restauration.

Les coupes imposées par la Paramount pour la sortie aux Etats-Unis faisaient du film une fable d'anticipation peuplée de silhouettes schématiques. Les séquences retrouvées ont pour effet immédiat de donner de la consistance à tous les personnages, et de rendre à certains une place qui avait été presque totalement effacée.

La description de la mégalopole industrielle, peuplée en son sous-sol de prolétaires désignés seulement par un matricule, et dirigée par des ploutocrates qui vivent dans des palais, n'est plus la seule raison d'être de Metropolis.

Les séquences retrouvées donnent à voir, entre autres, la rivalité amoureuse entre le premier des oligarques Johann Fredersen et le savant Rotwang. Les historiens du cinéma, qui avaient pris connaissance du scénario original et des cartons déposés devant la censure allemande, pouvaient la prendre en compte dans leur évaluation.

Mais pour un spectateur, cet élément restait lettre morte, tout comme l'amitié qui se noue entre l'héritier de Fredersen et un ouvrier de la ville souterraine. On est aussi saisi par la puissance dramatique du rôle de l'homme maigre, simple silhouette jusqu'ici, qui apparaît ambigu, à la fois homme de main et mauvaise conscience du capitaine d'industrie.

Enfin, la version de Buenos Aires rend à Metropolis son rythme d'origine, qui culmine en un final frénétique avec le sauvetage des enfants des prolétaires, menacés par une inondation. Ce montage a été validé par la partition originale du compositeur Gottfried Huppertz. Comme l'explique le chef d'orchestre Frank Strobel, qui avait accompagné la précédente restauration, en 2001 : "A l'époque, on devait plier la musique aux éléments retrouvés, sans être sûr du rythme. Cette fois, la partition et le découpage correspondent."

Le Metropolis de 2010 porte quand même les cicatrices de son histoire. Les séquences retrouvées l'ont été sur un support abîmé. Elles se distinguent par leurs rayures et le format plus carré du 16 mm qui contrastent avec les compositions impeccables et le noir et blanc spectaculaire du reste du film.

Reste, comme le dit Martin Körber, que l'on peut voir "le film que Fritz Lang voulait". Metropolis n'est plus seulement la matrice de films de science-fiction (de La Fiancée de Frankenstein à La Guerre des étoiles) ou un élément du débat sur la lutte des classes en Europe. C'est une oeuvre à part entière, dont les faiblesses (l'interprétation de certains rôles, la naïveté roublarde du leitmotiv politique) font encore mieux ressortir la richesse.

Thomas Sotinel

Article paru dans l'édition du 14.02.10

 

Vingt ans d'enquête en Argentine pour retrouver le trésor de Fritz Lang

LE MONDE | 13.02.10 | 14h19  •  Mis à jour le 15.02.10 | 09h13

Buenos Aires Correspondante

La découverte, il y a deux ans, à Buenos Aires, en Argentine, de la version intégrale et originelle de Metropolis, de Fritz Lang (145 minutes), perdue depuis quatre-vingt-un ans, est le résultat d'une longue saga. Elle devait être évoquée à Berlin, samedi 13 février, par les acteurs de cette découverte, lors d'une table ronde dans le cadre de la Berlinale.

Au premier chef, ceux qui ont retrouvé en Argentine le film long : la conservatrice du Musée du cinéma de Buenos Aires, Paula Felix-Didier, et le directeur du département cinématographique du Musée d'art d'Amérique latine, Fernando Peña. A leurs côtés devaient être présents des responsables de la Fondation Murnau, Martin Koerber et Anke Wilkening, qui ont dirigé la coûteuse restauration.

"Cette découverte est le résultat d'un minutieux travail de détective", explique Paula Felix-Didier. "Je menais l'enquête depuis vingt ans", ajoute Fernando Peña. Dans les années 1980, la curiosité de Fernando, jeune étudiant en cinéma, est éveillée par les propos d'un directeur de ciné-club. L'homme se plaint d'"une horrible copie de Metropolis" qui n'arrête pas de sauter du projecteur, l'obligeant à soutenir la pellicule entre ses doigts pendant plus de deux heures. "Plus de deux heures !", s'étonne Fernando. La copie restaurée, qui circule dans les cinémathèques depuis 2001, est beaucoup plus courte. Elle mentionne d'ailleurs qu'"un quart du film est considéré comme perdu".

Le long métrage muet présenté par Fritz Lang le 10 janvier 1927 à Berlin est un des films les plus chers de l'histoire du cinéma. Canardé par la critique, boudé par le public, le film est à deux doigts de provoquer la faillite des studios UFA. Les droits pour la distribution internationale sont cédés à la Paramount. Celle-ci décide de couper plus de 30 minutes pour présenter une version remaniée au marché américain. Pour répondre aux canons d'Hollywood, l'intrigue est simplifiée. Elle est centrée sur l'impossible histoire d'amour entre Freder Fredersen, fils du riche dirigeant de la ville haute, et la belle Maria, qui vit avec les ouvriers surexploités de la ville basse de Metropolis, mégapole futuriste coupée en deux.

C'est cette version raccourcie qui est distribuée dans tous les pays. Ou presque. A Buenos Aires, Adolfo Wilson, directeur de la maison de distribution Terra Film, de capitaux allemands, importe une copie de la version originelle. Projetée pour la première fois à Buenos Aires, en 1928, elle connaît un immense succès. "Les Argentins sont de grands cinéphiles, plus attirés par le cinéma européen qu'américain", rappelle Paula Felix-Didier. Alors que les Argentins sont les seuls à pouvoir visionner une copie intégrale de Metropolis, le collectionneur et restaurateur Enno Patalas, du Film Museum de Munich, cherche en vain, pendant trente ans, à travers le monde, les éléments du film de Fritz Lang, détruits pendant la guerre. De son côté, à Buenos Aires, Fernando Peña n'arrive pas à avoir accès aux archives où se trouverait la version intégrale. Il réussit, en revanche, à reconstruire le puzzle historique.

Traversée en taxi

Après sa projection à Buenos Aires, la copie longue est acquise par un critique de cinéma, Manuel Peña Rodriguez. Ce collectionneur, sorte d'Henri Langlois argentin, vend, dans les années 1960, sa collection au Fonds national des arts, qui transfère Metropolis en 16 millimètres. Parce que la pellicule est en nitrate, substance hautement inflammable. En 1992, le Fonds national des arts cède à son tour la collection au Musée du cinéma. Mais il faut attendre l'arrivée de Paula Felix-Didier à la tête du musée, en 2008, pour que les négatifs soient enfin exhumés, faisant resurgir la quasi-totalité des scènes coupées.

A Buenos Aires, le Musée du cinéma se trouve au deuxième étage d'une usine abandonnée, délabrée, dans le quartier populaire de Barracas. Faute de moyens, quelque 30 000 bobines sont entreposées tant bien que mal. Derrière une porte en métal vert se trouvaient les quinze bobines du film original de Fritz Lang.

"C'est une joie qu'un historien du cinéma n'a qu'une seule fois dans sa vie", confie Fernando Peña. "Les scènes retrouvées permettent une meilleure compréhension du film, lui rendant sa cohésion et son rythme dramatique", estime Paula Felix-Didier. Parmi les scènes inédites : une traversée en taxi de la ville futuriste, une dispute entre deux personnages secondaires et celle des enfants de la ville basse se mettant à l'abri d'une inondation.

Après la découverte, Paula Felix-Didier cherche, sans succès, à prendre contact avec les experts allemands. Fernando Peña profite d'un voyage en Espagne pour contacter le spécialiste du muet, Luciano Berriatua : "Il est devenu fou quand nous avons visionné la copie." L'expert espagnol alerte la Fondation Murnau, en Allemagne. Parallèlement, Paula Felix-Didier accorde un reportage au quotidien Die Zeit, provoquant un emballement médiatique international.

Convaincue que la copie argentine appartient au patrimoine culturel allemand, Paula Felix-Didier l'a remise à la Fondation Murnau, qui détient les droits d'auteur de Metropolis. En échange, celle-ci va financer la préservation de films muets argentins. La Fondation Murnau a également cédé à Buenos Aires une copie en 35 millimètres avec les droits de projection de Metropolis en Argentine.

Christine Legrand

Article paru dans l'édition du 14.02.10
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