《阿黛兒的人生:第一章跟第二章》(LA VIE D'ADÈLE – CHAPITRES 1 & 2, 2013)改編自法國漫畫《藍色是熱熱的顏色》(Le Bleu est une couleur chaude)。
"La Vie d'Adèle", la beauté au-delà de la polémique |
LE MONDE | 08.10.2013 à 13h24 • Mis à jour le 09.10.2013 à 08h53 |
Etrange histoire, tellement française en un certain sens, que cette Vie d'Adèle qui sort mercredi 9 octobre en salles, dans un mélange inextricable de joie et de douleur. Le cinquième long-métrage du réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche aura d'abord eu l'honneur de recevoir, dimanche 26 mai, la Palme d'or au Festival de Cannes, le plus bel hommage dont puisse rêver un cinéaste. Mieux encore. La Vie d'Adèle est la septième Palme attribuée à un film français depuis la création du prix, en 1955, soit un événement relativement rare et d'autant plus précieux. Et aussi la première décernée en même temps à l'auteur du film et à ses deux actrices, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos - du jamais-vu. Autant de conditions suffisantes à un bonheur sans fard en attendant la sortie d'un film par ailleurs encensé par la critique et d'ores et déjà vendu dans le monde entier. Or c'est tout le contraire qui s'est produit : une kyrielle de polémiques qui a culminé avec le différend opposant, par voie de presse, Abdellatif Kechiche à Léa Seydoux. Très curieusement, alors qu'on aurait pu craindre une levée de boucliers portant sur la nature du sujet (une passion amoureuse et sexuelle entre deux jeunes filles), ce sont plutôt les rumeurs sur les coulisses du film (techniciens mécontents, auteure de la bande dessinée originelle offusquée, actrices offensées) qui ont mis le feu aux poudres. Au point que la sortie de ce film et l'attente qu'il a suscitée sont aujourd'hui brouillées. POLITISATION DE LA CHAIR A l'heure où La Vie d'Adèle va enfin être présenté au public, il est temps de revenir à l'essentiel : la beauté et l'émotion du film, l'incroyable talent de mise en scène dont il témoigne. Cette façon exemplaire qu'il a, aussi, d'évoquer une relation entre deux personnes du même sexe et de la rendre à ce qu'elle est : une histoire d'amour comme toutes les autres, au-delà de tous les préjugés. Cette politisation de la chair, cette charge immédiatement sociale du langage, ce lien entre une très forte spécificité et un universalisme déclaré sont au cœur du cinéma d'Abdellatif Kechiche. Elle fait de lui le digne héritier d'une tradition politique, culturelle et artistique qui est proprement française. Goût des sujets qui fâchent, amour de la langue, réalisme magnifié par l'éclatante sensualité du monde, importance accordée aux déterminismes sociaux et à l'injustice entre les hommes, âpre lucidité du jugement sur les choses de la vie : le cinéaste peut légitimement se prévaloir d'une lignée qui va de Marivaux à Pialat, en passant par Jean Renoir. Cela est d'autant plus remarquable qu'Abdellatif Kechiche est aussi le cinéaste qui, depuis son premier long-métrage, La Faute à Voltaire, en 2000, fait irradier avec le plus de force la question de la colonisation dans la société française contemporaine, ou du moins ce qui en persiste de manière plus ou moins consciente dans les rapports à la fois intimes et sociaux. Cette tension entre une non-réconciliation rageuse et un amour vibrant pour ce que la tradition française a de meilleur, La Vie d'Adèle la porte à son acmé. Voilà, sans doute, ce qui rend cette Palme d'or aussi passionnante qu'explosive. |
全站熱搜
留言列表