《冰封之心》的黛帛拉˙葛萊尼克 (Debra Granik) 跟製片 Anne Rosellini Alix Madigan Yorkin





簡介《冰封之心》的賣座奇蹟

Le fabuleux destin d'un petit film indépendant
Le Monde | 01.03.11 | 16h43  •  Mis à jour le 01.03.11 | 16h44
Winter's Bone, c'est l'histoire d'un petit film indépendant qui a obtenu, à l'arraché, un budget de 2 millions de dollars - une somme plus que modeste pour une production américaine - et qui n'en finit pas d'engranger les succès, critiques et commerciaux.

Le film, qui avait reçu quatre nominations pour les Oscars, est certes revenu bredouille de la cérémonie, mais sa réalisatrice, Debra Granik, a des raisons de se réjouir : les spectateurs ont fait mentir le pronostic selon lequel un film sombre, mêlant drogue et pauvreté, n'intéresserait pas grand-monde.

"En Europe, vous avez les Flandres des frères Dardenne, nous, on a le Missouri. L'histoire de Winter's Bone n'est d'ailleurs pas si noire : le personnage principal, Ree Dolly, lutte pour la survie de son frère et de sa soeur. Elle a un côté "stronger than hell", plus forte que l'enfer", confiait Debra Granik, en septembre 2010, au Festival du cinéma américain de Deauville, où le film a reçu le prix du jury - il a aussi obtenu le prix du meilleur film et celui du meilleur scénario au festival de Sundance, en 2010.

"Viser des écureuils"

Sorti en salles, aux Etats-Unis, en juin 2010, Winter's Bone a enregistré plus de 5,5 millions de dollars au box-office. "Le bouche-à-oreille a été décisif, jusque dans les zones les plus reculées du territoire. Les gens parlaient du film sur des radios locales et incitaient les auditeurs à aller le voir", se souvient la cinéaste, qui ajoute : "On ne ressort pas endettés de cette expérience."

L'équipe du film a pris le temps de faire connaissance avec les habitants de cette région montagneuse des Ozark. Quels mots utiliser, ou proscrire, pour faire authentique ? Pour habiller les comédiens, la costumière, Rebecca Hoffherr, a eu l'idée d'utiliser les vêtements déjà portés par les habitants, et de leur fournir, en échange, des tenues neuves.

Sur place, la comédienne principale, Jennifer Lawrence, a sympathisé avec une famille, au point que deux de leurs enfants ont joué le rôle du petit frère et de la petite soeur. "J'ai appris à couper du bois, à manier les armes, à viser des écureuils", racontait-elle, début février, dans un grand hôtel parisien, aussi sophistiquée qu'elle est brute de décoffrage dans le film.

La jeune femme âgée de 20 ans semble apprécier les métamorphoses. Dans le prochain film de Jodie Foster, The Beaver, elle joue le rôle d'une pom-pom girl.

"Le film marche dans tous les pays où il est sorti, en Angleterre, en Suède ou en Australie", observe-t-on chez Pretty Pictures, qui distribue Winter's Bone en France sur une cinquantaine de copies. Même la musique du film, entre bluegrass et country, a la cote.

"Des fans de la terre entière nous demandent où l'on peut nous voir jouer", écrit sur son blog Marideth Sisco, qui chante Farther Along. Mais elle ajoute avec beaucoup d'humour qu'elle n'en sait fichtre rien : "Nous sommes juste un petit gang de musiciens péquenauds (hillbilly) qui jouons la plupart du temps dans le coin." Et d'inviter les internautes à lui envoyer des contacts de tourneurs.
Clarisse Fabre
Article paru dans l'édition du 02.03.11

《世界報》影評

"Winter's Bone" : voyage au bout d'une nuit d'hiver
Le Monde | 01.03.11 | 17h17  •  Mis à jour le 04.03.11 | 12h00
Aux côtés de la Belle qui s'en fut vivre avec la Bête et de Jane Eyre : voilà la place de Ree Dolly, l'héroïne de Winter's Bone. C'est elle, cette jeune fille incarnée avec une force stupéfiante par Jennifer Lawrence, qui est la colonne vertébrale de ce très beau film de terreur, dans lequel le soleil d'hiver tient lieu de lueur d'espoir. Dans un monde qui tient à la fois du quotidien le plus sordide et de la légende, Ree Dolly se bat contre les démons pour sauver les siens.

Elle vit dans les monts Ozark, dans le sud du Missouri, une région isolée, célèbre par ses musiciens et sa résistance à la prospérité. Dans les fermes reculées, les laboratoires qui fabriquent de la méthamphétamine ont pris la place des alambics. Le père de Ree a été inculpé dans une affaire de stupéfiants. Pour échapper à la prison, il s'est servi de la maison familiale pour garantir sa caution. Depuis, il a disparu, laissant Ree, 17 ans, en charge d'un foyer où vivent une mère qui a perdu l'esprit et deux petits enfants. Quand le shérif vient prévenir que, si le fugitif ne se présente pas devant le tribunal, la maison sera saisie, Ree part à la recherche de son père.

Quand le cinéma américain tourne son regard vers ces pans de l'Union abandonnés par la loi et le progrès, c'est en général pour en faire un vivier de dégénérés qui exercent la vengeance du ciel sur les citadins, comme dans Délivrance (1972) de John Boorman ou Sans retour (1981) de Walter Hill. Debra Granik, qui avait déjà donné avec Down to the Bone (2004) un portrait de toxicomane violent et subtil, sait que le mal et la violence cohabitent aisément. Le portrait qu'elle dessine de cette communauté d'exclus, blancs, chrétiens (et probablement républicains si jamais ils votent) est richement nuancé. Comme ces voisins de Ree qui sont les premiers garants de la loi du silence que la jeune fille doit briser, tout en lui prodiguant une charité qui n'aurait sans doute pas cours dans les lotissements de la classe moyenne.

Face à la méfiance des amis de son père, qui vire bientôt à l'hostilité, Ree s'entête avec une grâce obstinée. Elle pose toutes les questions pour se heurter à chaque fois au même silence hostile, parfois violent. Jennifer Lawrence, qui avait 18 ans lors du tournage, passe de l'état d'enfance à l'âge adulte dans le même plan. Debra Granik et le chef opérateur Michael McDonough captent chacune de ces métamorphoses qui rendent l'héroïne chaque fois plus vulnérable.

Ree cherche son père auprès d'hommes qui peuvent la considérer avec concupiscence, auprès de femmes méchantes et violentes. La loi du silence en vertu de laquelle le destin de son père est entouré d'un secret impénétrable est d'autant plus strictement appliquée qu'elle lie les membres d'une même famille. De vallée en vallée, les liens du sang tracent un réseau invisible et indestructible.

Le scénario, que Debra Granik et Anne Rosellini ont tiré d'un roman de Daniel Woodrell (Un hiver de glace, Rivages, 2006) relève ces particularités sociologiques. Mais comme les grands photographes qui parcouraient les Etats-Unis au temps de la Grande Dépression, elles en extraient des types humains plus grands que nature, des rituels qui ont traversé les âges, comme cette soirée de musique hillbilly dans laquelle Ree fait irruption.

Mis à part le personnage de Ree tel que Jennifer Lawrence lui donne vie, on gardera un souvenir ineffaçable de Teardrop, le cousin hors-la-loi. John Hawkes, visage vaguement familier vu des dizaines de fois dans de petits rôles, prend ici une dimension fantastique. Il y a quelque chose de Dennis Hopper en lui - il est aussi menaçant, mais plus doux. Une bonne partie de la distribution est originaire de la région, certains rôles sont tenus par des non-professionnels. On croise un moment la comédienne Sheryl Lee que l'on avait découverte en Laura Palmer dans la série "Twin Peaks", de David Lynch. Par des routes tout à fait différentes de celles qu'empruntait l'auteur de Mulholland Drive, Debra Granik arrive aussi à ce carrefour où la chronique de la vie quotidienne dans les coins oubliés de l'Amérique devient un monde fantastique peuplé d'êtres de légende.

La souplesse que permet la caméra numérique et le réalisme des décors (les cours de ferme sont jonchées d'épaves automobiles, les personnages s'habillent dans les friperies) donnent une image précise et probablement exacte de la vie dans les Ozark. Cette sensation de réalisme n'est que la plate-forme de lancement du parcours qui mène Ree de l'enfance à l'âge adulte.

Il ne sert à rien de décrire les épreuves qu'elle traverse dans son voyage par monts, vallées et marécages. Elles sont terribles et il faut une femme hors du commun pour les affronter. Une fois qu'on l'aura accompagnée au bout de cette nuit d'hiver, il sera temps de remarquer que peu de films donnent aux femmes cette place, cette liberté.

Film américain de Debra Granik avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Sheryl Lee. (1 h 40.)

Thomas Sotinel
L'avis du "Monde"
EXCELLENT
Article paru dans l'édition du 02.03.11
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