其實,網路上早已有阿藍˙巴底烏的學生在整理他的《理想國》上課講稿,但終究是這一版單行本才是最後的最重要的參考版本。

周星星我也該趁此機會懺悔一番: première confession : que 我周星星一直都沒有把柏拉圖的《理想國》(La République) 唸完。 Deuxième confession : que 我周星星還是不會在未來的半年內把《理想國》唸完。

(原發表日期:二○一二年一月二十七號)


"La République de Platon", d'Alain Badiou : Platon, le remake
LE MONDE DES LIVRES | 26.01.12 | 10h56 • Mis à jour le 26.01.12 | 10h58

Alain Badiou publie sous son nom un livre au titre déroutant, La République de Platon. Dialogue en un prologue, seize chapitres et un épilogue. Un texte et deux auteurs ? Qu'a fait Badiou avec ce texte chaotique, bien connu des bacheliers, où Socrate affronte un sophiste sur la définition de la justice et invente à l'occasion une utopie communiste, l'allégorie de la caverne et le mythe d'Er ?

Est-ce une traduction ? L'auteur avertit en préface que, s'il a lu Platon en grec, sa République n'est pas une traduction, elle en est un écho contemporain. Certaines phrases "sentent" pourtant la version grecque. C'est donc un effet de trompe-l'oeil. Aurions-nous affaire à un simple jeu culturel ? Voire à un canular ? Pour tous les normaliens qui ont traduit du grec jusqu'à la lie, l'anachronisme rigolard et cultivé est depuis Giraudoux une tradition : "Je suis comme le vieux Tolstoï", dit Socrate chez Badiou.

Mais la modernisation de cette République est aussi une affaire sérieuse bien que souriante. Lacan, Marx et Shakespeare, la biologie moléculaire et les iPod entrent dans le texte de Badiou à côté d'Homère et des éternels potiers de Socrate. Cette équivalence des deux mondes, ancien et moderne, dans le propos philosophique, implique l'éternité et l'universalité d'une vérité immanente au texte de Platon, indépendamment de son ancrage anthropologique et historique et de sa matérialité verbale. C'est une vieille histoire. La prétendue éternité de Platon a toujours reposé sur des anachronismes volontaires.

Badiou écrit une République politiquement correcte. Des filles de bonne famille accompagnent les amis de Socrate : la soeur de Platon, "la belle Amantha", est l'occasion de mettre une pincée de féminisme dans le livre. Et Socrate se réjouit à l'idée de draguer les filles au bal que donne la municipalité du Pirée, ce soir de fête. Juste drôle ? L'égalité sociale des hommes et des femmes qu'imagine Socrate dans sa cité utopique perd son sens, et devient chez Alain Badiou une affaire de sexe et de filles à poil dans les douches communes au sein d'une société majoritairement hétérosexuée : la nôtre.

Il est impossible d'identifier ce livre en le lisant à partir du texte de Platon ; c'est une pieuvre socratique qui vous glisse entre les doigts et se retourne comme un gant. On passe du rire pour un anachronisme bien trouvé à l'exaspération pour une analogie abusive.

Pitreries et choses sérieuses

Une autre approche du livre est possible. Dans La République - l'ancienne -, Platon ne fait que transcrire les paroles de Socrate, seul narrateur. Tout le texte est à la première personne, les autres voix sont enclavées dans la voix de Socrate. Le coup de force - de génie, si l'on veut - d'Alain Badiou consiste à avoir supprimé le narrateur et pris la place de l'auteur, désormais seul principe unificateur du texte. D'un dialogue platonicien dont l'unité était la voix de Socrate, Alain Badiou a fait un roman avec des personnages dont il est le seul maître, libre d'en faire les serviteurs de ses anachronismes.

La première phrase du dialogue était : "J'étais descendu hier au Pirée avec Glaucon, fils d'Ariston, pour prier la déesse..." Le nom de Socrate apparaîtra quand son ami Polémarque lui adressera la parole. La première phrase du roman est : "Le jour où toute cette immense affaire commença, Socrate revenait du quartier du port." "Immense" est une intrusion de l'auteur qui évalue rétrospectivement ce qui est pour lui, aujourd'hui, un événement. "L'affaire", comme il dit. Mais il n'y a d'affaire ou d'événement que par le récit qui le définit et le clôture. Philosophe professionnel, Badiou confond le texte de La République, et son histoire postérieure, avec un événement qui en serait à l'origine et qu'il crée par un récit fictif.

Le romancier a éliminé la voix de Socrate : il sera l'auteur de chaque pitrerie comme de ses anachronismes philosophiques sérieux. Platon, qui a disparu avec la voix de Socrate, dont il était le transcripteur, ne peut pas lui servir d'alibi.

Comment appeler cette démarche ? Pourquoi pas un remake ? Le terme vient du cinéma et désigne un nouveau film qui reprend les principaux éléments de scénario, le récit et les personnages d'un autre plus ancien. En 1998, Psycho a été réalisé par Gus Van Sant à partir de Psychose, d'Hitchcock (1960). Personne n'imagine un remake de Psychose sans la scène de la douche, ni un remake de La République de Platon sans l'allégorie de la caverne ou le mythe d'Er. Le livre de Badiou s'appuie donc sur des séquences incontournables pour se livrer à tous les écarts que lui permet son statut d'auteur.

Un remake est un lieu de mémoire, s'y déposent l'histoire du premier film et les commentaires qui ont suivi. Psycho est destiné aux cinéphiles ; pour bien lire "La-République-de-Platon" de Badiou, il faut non seulement avoir déjà lu celle de Platon - en grec ? - mais avoir aussi son immense culture philosophique et littéraire.

LA RÉPUBLIQUE DE PLATON d'Alain Badiou. Fayard, "Ouvertures", 600 p., 25 €.

Florence Dupont, latiniste

Extrait

"On a pourtant revu ça dans les années soixante du XXe siècle, rappelle Amantha. Certains groupes révolutionnaires prônaient une vie entièrement collective dans des appartements communautaires, avec une sexualité ouverte, publique, sans exclusive. Le désir avait par lui-même raison, y consentir était ce qu'il y avait de plus moral. (…) J'envie parfois cette époque.

- Tu n'as pas raison, dit Socrate. Non. Tout ça est funeste, tout ça ne mène à rien. Chers amis, moi, Socrate, je ne paierai pas ce prix pour la nécessaire dissolution de la famille telle qu'elle est. Non et non. Profitant de l'occasion qui m'en est donnée par Badiou, je m'élève ici solennellement contre l'interprétation de ma pensée par votre frère Platon."

("La République de Platon", page 278.)
 

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