尚-呂克˙高達是在二○○六年阿藍˙弗萊雪 (Alain Fleischer) 為他而拍攝的紀錄片中,似乎講出一句反閃米主義的話,而且該句子最近又再被阿藍˙弗萊雪引述摘入他最新出版的書中。但事實上,該句子並未出現在影片中(沒被剪進去),而是出現在阿藍˙弗萊雪的新小說 Courts-circuits 中。
該句子是:巴勒斯坦人的自殺式恐怖攻擊,如果目的只是要讓巴勒斯坦立國,這樣的作法實在是很像尤太人以前做過的事,把自己搞得像羊群一樣,還被送到毒氣室整個被滅絕掉,犧牲掉自己好讓以色列這個國家能夠存在一樣。
"Les attentats-suicides des Palestiniens pour parvenir à faire exister un Etat palestinien ressemblent en fin de compte à ce que firent les juifs en se laissant conduire comme des moutons et exterminer dans les chambres à gaz, se sacrifiant ainsi pour parvenir à faire exister l'Etat d'Israël."
《世界報》派出他們自己的記者、高達專家尚-呂克˙杜昂 (Jean-Luc Douin) 調查這件事。刻正在台北座談高達、同時也跟高達很親近的多明尼克˙巴依尼 (Dominique Païni) 完全不知道有這一回事,他說他跟高達的對話中毫無此事;當初,據傳是高達把那些話講給尚˙納波尼 (Jean Narboni) 聽的當事人尚˙納波尼則駁斥阿藍˙弗萊雪的說法。
在尚-呂克˙杜昂的文章(見最下)中,他說目前毫無證人指證高達說過那樣的話;但他也說,若說高達是為了挑釁而脫口說出那些話,並非是毫無可能。尚-呂克˙杜昂指高達在過往就非常挑釁地作出過火的場面調度,例如在《這兒和那兒》(Ici et ailleurs) 把當時以色列總理 Golda Meir 的照片跟希特勒的照片並排,這讓比較同情巴勒斯坦的哲學家吉爾˙德勒茲非常感冒。(... la juxta-position des images de Golda Meir et d'Hitler avait même troublé Gilles Deleuze, sympathisant palestinien...)
問題是尚-呂克˙杜昂屢次向高達取得聯絡,高達迄今都還沒作出任何回應。
周星星我感到非常抱歉……既想讓台灣讀者趕快知悉最新的電影文化圈的時事,卻又沒有足夠的時間一一地作出中譯;只好又再一次地說:「等以後有時間……」又再一次地說聲抱歉、又再一次地在心裡累積文化債務……(雖然這麼認真也沒什麼人在看,但至少也要有一百人氣才能激勵士氣吧……)
La question Godard, par Véronique Maurus
LE MONDE |
S'ils nous reprochent souvent d'avoir peu ou mal traité un sujet, il est rare que les lecteurs s'interrogent sur l'opportunité même d'un article - et ce n'est pas bon signe. Le fait est que l'enquête "Godard et la question juive", publiée le 11 novembre, a suscité un vrai malaise, à plusieurs titres. Elle rendait compte des soupçons pesant sur le cinéaste, récemment nourris par une phrase à fort relent antisémite qu'il aurait dite, en aparté, pendant le tournage d'un film d'Alain Fleischer, en 2006 - et que celui-ci a citée dans son dernier roman.
"Un mot pour dire l'étonnement et le malaise à la lecture de cette page, écrit Frédéric Borgia (Paris). L'article ressemble plus à un lynchage qu'à une véritable problématique. Prendre comme point d'appui une phrase d'un livre d'Alain Fleischer (démentie par Jean Narboni, depuis) ne me semble pas relever d'une attitude journalistique responsable. Une page du Monde sans contrepoint, ça me choque ! J'en viens à me demander pourquoi avoir écrit ce texte à ce moment précis."
"Une page contre Jean-Luc Godard, pour mieux lancer le livre d'Alain Fleischer ? s'interroge Maxime Benoît-Jeannin (Bruxelles). Rien de tel qu'une accusation d'antisémitisme afin d'accrocher le public. Cela sent la cabale parisienne. (...) Le Monde veut dénoncer l'antisémitisme, soit, et tant mieux. Alors qu'il traite d'affaires sérieuses, comme il nous y a habitués, au lieu de dédier une page à des ragots contre un vieux cinéaste de génie."
"Je tombe sur votre dossier Godard/Fleischer, ajoute Vincent Nordon (Selongey, Côte-d'Or). Quelle idée, soudainement, d'en faire une pleine page ?" Certes, ajoute-t-il, "la génération Cahiers du cinéma vient de l'extrême droite. C'est une autre histoire, à raconter autrement. Pas dans une pleine page qui voudrait époustoufler."
Pour comprendre ces griefs, il faut refaire l'historique de la page. La phrase scandaleuse ne figurait pas dans le film de 2006 mais dans un roman d'Alain Fleischer, Courts-circuits (Le Cherche Midi), publié trois ans plus tard.
Sur le moment, nul ne l'a relevée. Amaury da Cunha, collaborateur du "Monde des livres", a rencontré l'écrivain, en septembre, et a évoqué la scène du tournage - où figure ladite phrase. "Alain Fleischer a esquissé un sourire, dit-il. Dans ce livre, romancé aux trois quarts, l'équilibre entre réalité et fiction est fragile. La parole de Godard était noyée au milieu d'un texte qui a pour seul objet l'imaginaire. J'ai jugé la scène équivoque et je ne l'ai pas citée - malgré son aspect polémique évident."
C'est le 4 octobre, au cours des Rencontres du "Monde des livres", que la phrase incriminée est publiquement relevée, lors d'un débat animé par Franck Nouchi, rédacteur en chef, auquel participe Fleischer. "C'est la première fois que de telles accusations étaient écrites noir sur blanc en français. J'ai jugé possible d'en débattre, explique Franck Nouchi. Le débat a été intéressant, même si, malheureusement, manquait la parole de Godard." A l'issue du débat, Laurent Greilsamer, directeur adjoint du journal, demande qu'une enquête soit faite. "Si les faits sont confirmés, il n'y a aucune raison de les taire sous prétexte que Godard est un grand maître du cinéma, assure-t-il, il fallait réagir."
Jean-Luc Douin, critique de cinéma et spécialiste de Godard - sur qui il écrit un livre -, est aussitôt chargé de l'enquête, mais la fameuse phrase ne sera pas confirmée. Le principal témoin, Jean Narboni, dit "ne pas se souvenir" d'avoir entendu le cinéaste la prononcer. Pis, un autre proche du réalisateur, Dominique Païni, nous a adressé un rectificatif : "Jean-Luc Douin me fait supposer que la fixation que Jean-Luc Godard nourrit pour (ou contre) Chantal Ackerman est de nature "antisémite". Je n'ai pas affirmé cela, du seul fait évident que je n'en sais rien ! Mes dialogues passés avec Godard ne me l'ont jamais prouvé."
Jean-Luc Douin, ses notes à l'appui, assure qu'il n'a "rien inventé". "La phrase monstrueuse n'est pas dans le film, ajoute-t-il, Fleischer n'a pas de témoin et les proches sont gênés, mais il n'est pas invraisemblable que Godard l'ait dite, ne serait-ce que par provocation."
Dans son article, le journaliste reconnaît honnêtement que nul ne corrobore la phrase citée par Fleischer ; il rappelle cependant de nombreux exemples de provocations du cinéaste. "Godard est sans doute antisioniste. Frôle-t-il l'antisémitisme ? La question plane dans la critique depuis longtemps. Qu'on l'écrive choque tellement ses admirateurs que l'objet du scandale n'est plus Godard mais l'article."
Dès le 5 octobre, Jean-Luc Douin a envoyé plusieurs messages au cinéaste pour lui demander de réagir. En vain. Un mois plus tard, finalement, Laurent Greilsamer s'inquiète de l'enquête et demande sa publication. Elle paraît hors de toute actualité, ce qui explique en partie les réactions. "J'aurais souhaité que ce soit plus rapide, mais il faut le temps de la contre-enquête, dit-il. C'est un temps utile. On ne peut contraindre les gens à nous répondre s'ils ne veulent pas commenter."
Comme un malheur n'arrive jamais seul, le titre de la page a également choqué. "Vous titrez : "Godard et la question juive". Par l'emploi délibéré de ces mots, sans précédents dans votre journal - il y a eu Sartre et ses Réflexions sur la question juive, mais c'était en 1946 -, celui-ci a pris la responsabilité de dire à ses lecteurs qu'il y avait une question juive. Ces mots relèvent du vocabulaire antisémite. Leur emploi est malsain et inquiétant", regrette Roger Errera (Paris).
Notre documentation lui donne raison : Le Monde a certes écrit "question juive", mais toujours entre guillemets et par référence à Sartre - ou à Marx (article sur "La question juive"). Seule exception, en 1997, le procès de Maurice Papon, qui coiffait le "bureau des questions juives", à la préfecture de Bordeaux. Alain Frachon, directeur de la rédaction, reconnaît que "la remarque est pertinente. Ce titre, ajoute-t-il, traduit un peu de légèreté là où il eût fallu être particulièrement attentif".
Véronique Maurus (Médiatrice)
Article paru dans l'édition du
Enquête
Godard et la question juive
LE MONDE |
Filmé en 2006 par Alain Fleischer pour un film qui s'est appelé Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard, le cinéaste franco-suisse aurait tenu des propos très polémiques à l'encontre des juifs, en partie écartés au montage, dont certains sur les deux films de Claude Lanzmann Shoah et Tsahal.
Dans un roman intitulé Courts-circuits, récemment édité au Cherche Midi, Alain Fleischer raconte qu'en aparté, lors d'une pause, Jean-Luc Godard aurait lâché cette phrase monstrueuse à son ami et interlocuteur Jean Narboni, ex-rédacteur en chef des Cahiers du cinéma : "Les attentats-suicides des Palestiniens pour parvenir à faire exister un Etat palestinien ressemblent en fin de compte à ce que firent les juifs en se laissant conduire comme des moutons et exterminer dans les chambres à gaz, se sacrifiant ainsi pour parvenir à faire exister l'Etat d'Israël."
Jean-Luc Godard est coutumier de ce type de provocations. La première est survenue en 1974, lorsque, illustrant sa notion du montage comme vision comparative de l'histoire, il faisait chevaucher dans Ici et ailleurs une image de Golda Meir, premier ministre israélien, avec celle d'Adolf Hitler.
Prenant fait et cause pour la Palestine, l'auteur de Bande à part s'est maintes fois plu à rappeler, entre autres dans JLG/JLG en 1994, que, dans les camps nazis, les détenus au seuil de la mort étaient désignés sous le terme de "musulmans". Ignorant délibérément la nature des crimes commis et subis par les uns et par les autres, il sous-entend que les victimes d'hier sont devenues les bourreaux d'aujourd'hui. Décrivant la Bible comme un "texte trop totalitaire", il a déjà lâché à propos de ces juifs qui, selon lui, auraient sauvé Israël en mourant dans les camps : "Au fond, il y a eu six millions de kamikazes."
Dans Notre musique, film au départ duquel il voulait reprendre le schéma du Silence de la mer, de Vercors, en imaginant un officier israélien installé chez des Palestiniens, il déclare que "le peuple juif rejoint la fiction tandis que le peuple palestinien rejoint le documentaire". Avec démonstration rhétorique, photographies à l'appui. Champ : les Israéliens marchent dans l'eau vers la Terre promise. Contrechamp : les Palestiniens marchent dans l'eau vers la noyade. Il s'en explique dans Morceaux de conversations... : "Les Israéliens sont arrivés sur un territoire qui est celui de leur fiction éternelle depuis les temps bibliques..." Jean Narboni lui fait remarquer que le mot "fiction" est choquant. "Alors, réplique-t-il, on dira que les Israéliens sont sur TF1, c'estla télé-réalité. Et les autres, dans un film de Frédéric Wiseman".
Ces raccourcis suscitent doutes et consternation chez ses thuriféraires. Lorsque Jean Narboni lui rappelle que la juxtaposition des images de Golda Meir et d'Hitler avait même troublé Gilles Deleuze, sympathisant palestinien, lequel avait pourtant tenté de le défendre, Godard répond cinglant : "Pour moi, il n'y a rien à changer... sauf d'avocat !"
"Juif du cinéma"
"Un catholique, je sais ce que c'est : il va à la messe, dit-il dans le film d'Alain Fleischer à Jean Narboni. Mais un juif, je ne sais pas ce que c'est ! Je ne comprends pas !" Jean-Luc Godard s'est pourtant autoproclamé "juif du cinéma" pour signifier son destin de cinéaste persécuté. Il dit que, culpabilisé de n'avoir pas été alerté dans son enfance par l'Holocauste, choqué par les propos antisémites de son grand-père maternel qui faisait des plaisanteries sur son "médecin youpin", il n'a pas trouvé d'autre moyen de comprendre le juif qu'en se considérant "pareil".
Dans Deux ou trois choses que je sais d'elle, lorsque son héroïne, prostituée occasionnelle, emmène un client dans un hôtel et que celui-ci lui fait remarquer que c'est un hôtel réservé aux juifs parce qu'il a une étoile, elle ne trouve pas ça drôle. Sensibilisé par la Shoah, Godard n'a de cesse de dénoncer la faute inexpiable du cinéma de n'avoir jamais filmé les camps. Le "ce qui ne peut pas être dit" de Wittgenstein devient à ses yeux un "il vaut mieux voir que s'entendre dire". Clamant que "l'image c'est comme une preuve dans un procès", une formule que d'aucuns trouvent à la limite du négationnisme.
Cette certitude que rien n'est infilmable, même la Shoah, l'oppose à Claude Lanzmann, qui, lui, s'insurge contre le caractère suspicieux qu'auraient des images du génocide. Persuadé de l'inadéquation de celles-ci, Lanzmann se range à l'avis d'Elie Wiesel, qui craint que le cinéma ne transforme un événement innommable en "phénomène de superficialité". Débat qui, dans les colonnes du Monde, suscite la réaction du psychanalyste Gérard Wacjman résumant l'affrontement : "Saint Paul Godard contre Moïse Lanzmann".
La question juive obsède Godard. Parfois à bon escient : le rappel des forfaits perpétrés dans les stades, comme le Heysel, rappelle le Vél'd'Hiv dans Soigne ta droite. Ou ce reproche adressé à Romain Goupil durant le tournage d'Allemagne neuf zéro : "Tu te dis anti-fasciste et quand tu filmes le stade des JO de Berlin, tu ne filmes qu'un stade, pas celui d'Hitler !" Mais, en négatif, ses propos sur Hollywood "inventé par des gangsters juifs", et sur l'invention du cinéma par ces producteurs émigrés d'Europe centrale ayant compris que "faire un film, c'est produire une dette". Son biographe américain, Richard Brody, raconte le projet d'un film où Godard débattrait avec Claude Lanzmann. Bernard-Henri Lévy étant médiateur. Ce dernier déclare : "Lanzmann et moi étions les instruments de sa cure : celle d'un antisémite qui essaye de se soigner. J'étais prêt à jouer le jeu, mais il a changé de plan." Ici antisioniste, là carrément antisémite, Godard se heurte à quelque chose qu'il ne comprend pas, homme d'image affichant un problème avec la parole.
Jean-Luc Douin
Article paru dans l'édition du
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