第十二天:2010 1 23

 

La FAO craint l'exode d'un million d'Haïtiens

LEMONDE.FR avec AFP | 23.01.10 | 20h05  •  Mis à jour le 23.01.10 | 20h05

Alors que les recherches de survivants ont pris fin, dix jours après le séisme qui a fait plus de 111 000 morts selon un dernier bilan, la distribution de l'aide et les soins aux blessés se sont accélérés samedi.

Le bilan s'alourdit. Le bilan du séisme s'est brusquement alourdi samedi matin, atteignant, selon les derniers chiffres officiels, 111 499 morts et 190 000 blessés. Au fur et à mesure que le décompte des morts augmentait, celui des survivants extraits des décombres s'amenuisait. Un jeune homme de 22 ans et une femme de 84 ans ont pourtant été retrouvés vivants vendredi. "Le gouvernement a déclaré terminée la phase de recherches et de secours", a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, dans un communiqué. "Il y a eu 132 vies sauvées par les équipes de secours internationales", a-t-il ajouté.

La vie quotidienne reprend le dessus. Samedi, les habitants de Port-au-Prince enterraient leurs morts et commençaient à organiser leur subsistance à long terme, alors qu'un semblant de retour à la normale était visible dans certains quartiers. Les Haïtiens ont attendu avec impatience l'ouverture partielle des guichets bancaires fermés depuis le séisme et de longues files d'attente se sont formées samedi matin. Vendredi, les guichets de maisons de transfert avaient été littéralement envahis par des Haïtiens qui espéraient des envois d'argent de leurs proches de la diaspora, notamment des Etats-Unis. Aux abords des marchés publics et sur les trottoirs de plusieurs avenues des hauts quartiers de la capitale, de nombreux petits commerçants ont étalé leurs marchandises, provoquant d'importants embouteillages.

 

"C'est pas du pillage, hein ! Juste de la débrouille !"

LE MONDE | 23.01.10 | 13h46  •  Mis à jour le 23.01.10 | 13h48

Port-au-Prince Envoyée spéciale

Quelle scène choisir ? Quel dialogue ? Pour raconter cette ville en état de choc, hébétée et meurtrie, il faudrait tant d'images... Certaines diraient la peur que la terre tremble encore, que le pays jamais ne surmonte le chaos, que les âmes des corps non ensevelis ne tourmentent les vivants et que les Haïtiens, pour survivre, n'aient d'autre choix que l'individualisme à outrance. D'autres, au contraire, montreraient le sursaut et la pulsion de vie, la confiance dans la force du pays, une élégance dans le chagrin, une solidarité pour organiser la survie... La ville est tiraillée, voilà la vérité.

Dans un campement improvisé dans un jardin privé de l'avenue Poupelard, les habitants se sont dotés d'un comité de quartier. Il a attribué un emplacement aux familles, organisé une collecte, mis sur pied une brigade de surveillance de nuit et diligenté un représentant pour solliciter des aides. En vain. Aucune ONG n'a livré de nourriture. On manque de médicaments contre la malaria, les fièvres, les diarrhées. Et, depuis ce matin, il n'y a plus une goutte d'eau. Quant à la bourse commune, elle a fondu en un seul jour. Comme l'élan collectif.

Jeudi 21 janvier, Pierre Rousseau, le jeune chef, était désemparé. S'entraider quand on n'a rien... "Rien d'autre à partager que notre dépouillement et notre inquiétude ! La tension monte, la panique saisit les familles, le groupe se fragilise..." Où est donc l'aide internationale tant annoncée, interrogent quelques hommes à l'entrée, l'air mauvais. Un hélicoptère américain survole le quartier dans un boucan d'enfer. Les yeux suivent son mouvement et, quand il disparaît, les sourires sont amers.

Dans le quartier de Nerette, au contraire, le dynamisme triomphe. En l'espace de huit jours, en récupérant des bouts de taule et de bois dans les décombres de leurs maisons, les hommes, unis, ont réussi à aménager un campement en dur. Le terrain vague qui avait vu s'entasser les familles au lendemain du séisme est devenu un dédale de "chambrettes" que chacun a déjà aménagées à sa façon.

Treize personnes s'entassent dans la première, cinq dans la suivante. Ici, un lit de maître, miraculeusement sauvegardé, prend quasiment toute la place, à côté d'une commode. C'est un peu déraisonnable, mais Julise Thellemaque ne coupe pas trop brutalement, ainsi, avec sa "vie d'avant". Là, un panneau de fonds sous-marins et un autre de jungle luxuriante tapissent deux cloisons. "C'était les décors de mon studio photo", explique Jean Philippe qui, en revanche, a perdu tous ses appareils. Penchée au-dessus d'une marmite, une femme affirme préparer le repas d'une vingtaine de personnes. Une autre apporte de l'eau dans une grosse bonbonne.

"Chacune son rôle, sourit Roby Bonne Année, responsable d'une association de développement communautaire qui, déjà, s'occupait du quartier. J'ai entraîné tout le monde, frappé aux bonnes portes pour être livré en eau, recevoir des médicaments, organiser la nourriture. Et les gens fraternisent ! Des médecins du quartier font des visites. Des profs vont prendre en main les enfants : l'école doit à tout prix reprendre, fût-elle récréative, car les petits sont sonnés. Des jeunes font des tournées de nuit pour dissuader le banditisme." Le risque existe donc ? "Des milliers de détenus se sont enfuis de prison."

Le salon de beauté Orchidée a repris ses activités, pour "redonner le moral" aux Haïtiennes, et, sur le seuil, on aperçoit deux femmes couvertes de bigoudis. Lucien Estivil, ex-patron de cybercafé, a bidouillé deux batteries de camion reliées à un transformateur, et propose, dans la rue, de recharger les téléphones portables. C'est un triomphe. Des torches et des radios, si utiles, sont en vente sur le trottoir.

Voici un attroupement, rue Grégoire, quartier de Pétionville. Distribuerait-on de la nourriture ? Non ! C'est le bureau des transferts, permettant de recevoir l'argent de la diaspora, qui est pris d'assaut. Des dizaines de personnes sont agglutinées aux grilles. La tension est tangible. "Honteux ! Scandaleux, crie soudain une femme, au bord de l'épuisement. J'attends depuis douze heures ! J'ai besoin de mon argent pour vivre !" Des gens se retournent, approuvent, s'enflamment, protestent. "Bande d'escrocs", hurle un homme. "Racketteurs", renchérit un autre. Pourquoi cette révolte ?

"Ils n'ouvrent qu'au compte-gouttes, font passer leurs copains !

- A moins qu'on leur glisse dix dollars dans la main.

- A leurs proches, ils remettent des dollars américains, aux autres des dollars haïtiens ! Ils profitent de notre misère !

- Et les policiers collaborent ! Vous voyez les uniformes ? Ils sont à l'intérieur !"

Une porte s'ouvre, la foule se précipite, une matraque s'agite, un homme crie, blessé à la main. La porte s'est refermée. Une jeune fille désespère : "Mon frère de Miami nous a envoyé 200 dollars. Je ne peux pas retrouver mes parents au campement si je ne les ai pas. On n'a plus rien, c'est notre seul espoir." Un homme compatit. "Mon cousin de Montréal suit la situation d'heure en heure sur Internet. Il me croyait mort ! Je compte sur le transfert qu'il m'a annoncé. Mon Dieu, que ferions-nous sans la diaspora ?"

Rue des Miracles, au centre-ville, quelques rares parois d'immeubles se découpent dans le ciel et surplombent ruines et gravats. Quelques jeunes gens s'affairent dans les décombres.

"Que cherchez-vous ? On ne voit rien.

- Du savon. Un sac à main. Des chaussures...

- C'est pour revendre. Il y en a qui ont trouvé des jeans.

- C'est pas du pillage, hein ! Juste de la débrouille !"

L'odeur est insoutenable. Sous les gravats, on aperçoit une jambe.

Un petit garçon attend sa maman, assis en tailleur au milieu de la rue. Devant les ruines d'une librairie, il vient de découvrir, ravi, les restes d'un livre illustré : La Grande Histoire des dinosaures.

Annick Cojean

Article paru dans l'édition du 24.01.10

 

M. Sarkozy en Haïti et aux Etats-Unis au printemps

LE MONDE | 23.01.10 | 14h10

La France sera aux côtés du peuple haïtien pour l'aider à se relever de cette tragédie", a déclaré Nicolas Sarkozy, vendredi 22 janvier, dans un discours prononcé à l'Elysée pour les vœux du corps diplomatique. Le chef de l'Etat a esquissé sa vision de la conférence internationale pour la reconstruction d'Haïti qu'il a appelée de ses voeux et pour laquelle il a plaidé par téléphone auprès de Barack Obama. "Il ne faudra pas trop tarder pour l'organiser", a-t-il dit.

Pour l'instant, aucune date ou lieu n'ont été annoncés. Une réunion préparatoire est prévue le 25 janvier à Montréal, au Canada. La conférence "sera organisée dès que les conditions en seront réunies, et au plus près d'Haïti, a dit M. Sarkozy, afin de permettre aux chefs d'Etat et de gouvernement de venir, dès sa conclusion, rendre compte de ses résultats au peuple haïtien lui-même".

Le chef de l'Etat et ses conseillers envisagent de combiner plusieurs événements pour une tournée régionale qui valoriserait à la fois la relation de la France avec Haïti et celle avec les Etats-Unis. Outre la participation à la conférence, il y aurait ainsi un déplacement de M. Sarkozy en Haïti. A cela doit s'ajouter une visite bilatérale aux Etats-Unis, annoncée vendredi pour "le printemps" – la première de M. Sarkozy depuis l'élection de M. Obama. Le président américain organise par ailleurs en avril un sommet sur la sécurité nucléaire, auquel M. Sarkozy prévoit d'assister.

S'agissant de la conférence sur Haïti, Paris voudrait que soient mis en exergue le renforcement des capacités du gouvernement haïtien et le rôle central de l'ONU, et que l'engagement de l'Union européenne se fasse "en appui" aux Nations unies. L'intervention américaine (bientôt 16 000 soldats) est jugée salutaire mais il est important que la souveraineté d'Haïti, "la première République noire ", soit respectée dans les formes, par un mécanisme onusien solide, disent des diplomates.

Les pays les plus concernés tentent de s'accorder tout en cherchant une position de chef de file pour l'organisation de l'aide. Le Brésil, qui commande la force de l'ONU en Haïti et lui fournit un important contingent (1 300 militaires), s'est irrité de la façon dont l'armée américaine a pris au début le contrôle des opérations.

Dans son discours, vendredi, M. Sarkozy a voulu tirer du drame d'Haïti quelques leçons pour l'Europe. "La sécurité, c'est aussi la capacité de réagir face à l'urgence, y compris face aux catastrophes naturelles, comme le montre le drame en Haïti, a-t-il commenté. C'est pourquoi la France préconise la création d'une force européenne de sécurité civile, à partir de moyens nationaux qui pourraient être déployés très rapidement."

Natalie Nougayrède

Article paru dans l'édition du 24.01.10
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